La place de l’Algérie

Il y a des avis officiels qui tombent mal. Comme celui qui émane du ministère des Finances : “L’IGF se renforce pour un meilleur contrôle des finances publiques.” Le même jour, Transparency International publie le classement mondial des États selon l’indice de corruption. On y apprend que l’Algérie a fait des progrès depuis l’année passée : elle est encore plus corrompue.

Au moment où le tapage sur l’Algérie qui “a retrouvé sa place dans le concert des nations bat son plein en vue d’on ne sait quelle échéance, il est utile de préciser la réalité de cette place.” Rappelons donc quelques éléments quantifiant notre rang dans les hiérarchies réalisés par les soins de certains organismes internationaux et des analyses comparatives rendues publiques par leurs auteurs.

Le dernier classement en date, établi par la Société Financière Internationale, filiale de la Banque mondiale, nous place à la 125e position en ce qui concerne le climat des affaires. Ce qui veut dire que le pays ne remplit pas les conditions d’attrait pour les investisseurs, en matière de procédure de création d’entreprise, de gestion et de relations des entreprises avec les institutions. Sur ce plan, le pays recule : il était 114e l’année passée.

En matière de corruption, nous sommes confortablement installés parmi les plus corrompus. L’ampleur est perceptible au seul nombre de procédures judiciaires achevées en cours, même si ces procès participent plus à troubler notre regard sur cette partie visible de l’iceberg. Malgré les tartarinades renouvelées au sujet d’une croisade contre la corruption et les détournements, la performance nationale ne cesse de s’améliorer. Dans le classement établi par Transparency International, l’Algérie a même fait quelques “progrès”, passant du 84e au 99e rang !

Il n’y a pas longtemps, une étude a classé notre capitale comme la moins vivable des 129 villes passées par la grille d’évaluation du très sérieux The Economist. Là aussi, la situation a donc empiré à Alger, en matière de maîtrise urbanistique, de services culturels, d’hygiène et d’environnement et de structures de base, puisqu’elle est passée de la 125e position en 2005 à la 129e en 2006. Rappelons seulement qu’en football, et après son élimination en Coupe d’Afrique, l’équipe nationale a dégringolé à la 85e place dans l’estime de la FIFA et la 20e place en Afrique, après le Cap-Vert, ses 4 000 km2 et son PIB de moins de un milliard de dollars.

Ces quelques repères témoignent de la peu enviable place que l’Algérie a “retrouvée” dans le concert des Nations. Nous ne serions peut-être pas bien avisés de faire un slogan publicitaire du recouvrement d’une telle position. Mieux vaudrait ne pas provoquer la comparaison internationale. Car, outre qu’il n’y ait pas de quoi pavoiser, cette situation n’a jamais été celle de l’Algérie. Ce n’est pas sa place, mais celle de ceux qui l’étouffent et de ceux qui la pillent, celle d’un système qui l’a mise en coupe réglée et l’a livrée au clanisme, au régionalisme, au népotisme, à l’incompétence et à la concussion qui l’ont démolie.

C’est, en effet, d’un pays qui, à son indépendance, était au niveau de développement de l’Espagne et loin devant le Portugal, qu’il est question.

Mustapha Hammouche

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