La question à ne pas poser

L’attentat de Dellys et son bilan sont venus alourdir un climat politique délétère et son fond de crise sociale. Entre les deux actes, les partis de la coalition présidentielle ont repris leurs litanies. Ils diront les mêmes mots et les mêmes phrases après la mort des soldats et des civils de la petite ville portuaire : les attentats visent la politique de réconciliation nationale.
Admettons ! Mais cela veut dire quoi précisément ? Le pouvoir ni ses partis ne nous le disent. Il nous reste le recours aux hypothèses pour décrypter cette litanie. Première hypothèse, presque évidente, ces attentats vont faire remonter aux maquis les groupes qui les ont quittés. A l’examen, cette hypothèse est absurde. Personne ne voit l’AIS ou les éléments repentis d’autres groupes reprendre leurs armes et bagages et la direction des montagnes. Ils ont accepté et soutenu activement cette politique de réconciliation nationale. Ils continuent de le faire. Deuxième hypothèse : ces attentats vont pousser les Algériens à s’entretuer, provoquer une guerre civile, voisins contre voisins, village contre village, quartier contre quartier : hypothèse plus qu’absurde. Troisième hypothèse plausible : ne dites pas au pouvoir de renoncer à discuter, négocier, tendre la main pour inciter les terroristes qui le veulent ou qui le peuvent à descendre de leurs crêtes et rendre les armes. Hypothèse plausible mais faible : les terroristes se rendent encore, ici et là, et personne n’a fait de commentaire hostile. Le problème se pose strictement entre les groupes armés et le pouvoir : veulent- ils entendre le pouvoir et se laisser convaincre ? Mais cela n’a aucun impact sur la réconciliation nationale qui avait déjà produit le maximum de ses résultats avant la charte. Quatrième hypothèse très plausible : le pouvoir ne veut pas reconnaître l’échec de sa démarche. Al Qaïda n’est pas un groupe à se rendre et à rendre les armes. Toutes les sirènes du monde ne pourront altérer ses convictions. Et donc la politique de réconciliation est un traitement du problème passé, pas du problème actuel. Il ne peut reconnaître son échec sur cette politique car c’est bien la seule sur laquelle il s’est engagé et que tout le reste est catastrophe d’après les déclarations des gouvernants eux-mêmes. Dernière hypothèse qui renforce la précédente : le pouvoir ne veut pas mener une lutte résolue, c’est-à-dire politique et idéologique, contre le terrorisme car cela implique une mobilisation populaire consciente des enjeux. Et la première question qui se posera sera celle des fruits de cette lutte. Pourquoi se mobiliser encore pour remettre le pouvoir entre les mains des prédateurs et le pays sous la coupe du FMI, de la Banque mondiale et du G8 ? Et cette question est une remise en cause du pouvoir pas seulement du terrorisme.

MOHAMED BOUHAMIDI

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