Un crime du capitalisme

L’Angleterre se noie, l’Italie et la Grèce flambent, la Chine et le Bangladesh perdent pied, les Canaries partent en fumée. Pourvu que ces serins jaunes qui faisaient la joie des Algériens des années quarante et cinquante du siècle dernier en réchappent. On pense tout de suite aux humains qui perdent la vie ou la santé dans ces catastrophes et nous avons pour eux une dernière pensée, un pincement au cœur, une émotion flottante.
Nous connaissons trop les douleurs de la mort pour y rester insensibles. Mais nous oublions trop vite que la nature paye son tribut à ces catastrophes. Elles faisaient pourtant partie du cycle de la vie. Incendies comme inondations appartenaient à la restauration de la nature, à son renouvellement, à ses nécessaires «nettoyages». Cette fois, pourtant, le sentiment nous envahit que le cycle se dérègle, que la fréquence de ces catastrophes est plus rapide et ses amplitudes plus grandes. Pas de doute. La main de l’homme y est pour quelque chose. Pour une très petite part, nous pouvons noter celle du garde forestier des Canaries qui a mis le feu à l’île pour garder son emploi. Celle des paysans naïfs qui brûlaient des bois pour récupérer des parcelles pour les cultures. Celle des criminels ordinaires qui dévastent pour la spéculation foncière. Pourtant, ces petits criminels ne sont pour rien dans les inondations. Leurs «outils» ne vont pas jusqu’à commander les pluies en dehors des saisons et des cycles et jusqu’à commander la démesure des précipitations. A ce niveau de dérèglement, la nature elle-même, c’est-à-dire les bonnes conditions de notre vie et de la survie de l’espèce, est en danger. J’écoute les deux femmes qui en parlent en français. Quelques jours auparavant, des hommes m’ont expliqué, en arabe, que «kharbtou el djou». «Ils ont rendu fou le climat.» J’ai entendu des ados, dans leur sabir, commenter les images spectaculaires des voitures emportées par les crues. Les voitures, bien sûr, les intéressent et ils en parlent comme de cascades. Mais tous, voyez-vous, ont pointé du doigt d’autres criminels, autrement plus importants que les voyous qui flambent les forêts pour la spéculation : ils accusent les Etats-Unis. Inutile pour l’instant que j’approfondisse avec eux pour comprendre que les USA sont comme le bras séculier de la recherche du profit, du libéralisme débridé, qui sont entrés en guerre contre les hommes et contre la nature. Elle viendra à son heure cette conscience que le capitalisme et la recherche effrénée du profit génèrent des crimes chaque jour plus graves.

MOHAMED BOUHAMIDI

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