Ethique
Le coordinateur national du FLN, Abdelaziz Belkhadem, devra probablement attendre encore longtemps avant que se réalise son vœu de voir la scène politique se moraliser. Les faits démontrent au quotidien que l’éthique et la morale ne constituent pas un grand sujet de préoccupation au sein des états-majors politiques.
Bien au contraire ! C’est ainsi qu’après être passés maîtres dans l’art de soudoyer les électeurs, certains partis se sont mis, depuis peu, à débaucher les cadres de formations concurrentes à coups de centaines de millions.
La combine a, semble-t-il, permis à certaines formations de remporter quelques voix de grands électeurs au niveau local et de conserver ainsi une présence au Conseil de la nation. La légèreté et, surtout, la nature corruptible d’une partie du personnel politique a attiré toute sorte d’imposteurs dans la sphère politique algérienne.
Ce n’est pas tout. Depuis les dernières sénatoriales, les partis donnent l’impression d’être beaucoup plus soucieux de se remplir les poches que de faire avancer les revendications citoyennes des électeurs. Certaines enquêtes menées sur le terrain prouvent que des leaders de partis ont accepté, en contrepartie de grosses sommes d’argent, de « louer » leurs listes électorales à de grandes fortunes.
Le procédé semble s’être, dit-on, tellement généralisé que de nombreux richards aux fortunes douteuses se sont mis à harceler les partis dans l’espoir de décrocher un billet pour le Parlement. Bien entendu, il en est parmi cette race de nouveaux arrivistes — qui ont pour la plupart amassé leur fortune au moment où la société était affairée à combattre les terroristes — qui rêvent de mettre les pieds à l’Assemblée populaire nationale pour des raisons liées à des considérations de prestige.
D’autres, par contre, ne tiennent à faire leur entrée à l’APN que parce qu’ils savent que ce n’est que là-bas qu’ils peuvent défendre au mieux leurs intérêts et se donner les moyens, notamment, d’empêcher que la justice ne mette son nez dans leurs affaires.
Et si, jusqu’à ce jour, l’opinion s’est contentée uniquement de se plaindre du fait que l’on a réduit le Parlement à une simple chambre d’enregistrement, il est à craindre qu’après les élections du 17 mai prochain l’APN aille carrément à contresens des intérêts de la société. La menace est à prendre au sérieux d’autant que l’Etat ne dispose d’aucun levier légal pour contraindre les partis à choisir des profils de candidats sérieux.
Zine Cherfaoui