Le Nepad, test non concluant

Un sommet se tient depuis hier à Alger au sujet de l’intégration du Nepad à la Commission de l’UA. En attendant que les résolutions d’Alger soient soumises au prochain sommet de l’UA, on peut essayer de saisir le sens de cette question qui suscite de si importants débats.

Six ans après son lancement, le programme s’apprête à retourner au bercail, à redevenir la Nouvelle initiative pour l’Afrique (NIA) de l’UA qu’il a failli être en 2001, synthèse d’un plan de M’Beki (Plan du millénaire) et d’un autre de Wade (Plan Oméga). C’est dire que les projections n’ont pas manqué ces dernières années en Afrique.

L’originalité du Nepad se situe peut-être dans son caractère global et exhaustif. Il établit un véritable plan de développement économique et humain pour l’ensemble du continent, en précisant le rythme et les ressources de ce développement. Il va jusqu’à prendre des engagements stratégique (intégration des pays africains au processus de mondialisation) et politique (adoption des standards de bonne gouvernance par les États du continent).

Pour assurer l’augmentation du taux de croissance continental, le Nepad devait, en plus de la mobilisation d’une partie des budgets africains, convaincre les pays industrialisés, et le G8 en particulier, de formuler une politique plus résolue d’aide au développement et inciter les entreprises privées à des IDE. Cette démarche, même soutenue par des concessions idéologiques — sur la mondialisation et la bonne gouvernance — a suscité quelques promesses, pas toujours concrètes et rarement tenues, si l’on excepte l’effacement de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE) décidé au sommet du G8 de Gleneagles. Il faut dire, à propos de gouvernance, que le Mécanisme d’évaluation par les pairs, institué dans le cadre du Nepad, facultatif et sans prérogatives de sanction, ne pouvait constituer qu’un mécanisme d’échange de “bons points” entre les régimes qui y sont associés.

Pour toutes ces raisons et d’autres, l’échec du Nepad est patent. Peu de réalisations peuvent être brandies en matière de lutte contre la faim et la maladie, d’éducation, d’infrastructures, de gestion de l’eau, de maintien de la paix et de toutes ces finalités prioritaires du Nepad.

L’investissement, qui devait compenser les réticences en matière d’aide publique et réduire la dépendance des États africains destinataires, ne s’est pas manifesté outre mesure.

En 2003, à Johannesburg, le président Wade, s’adressant à des journalistes à l’occasion du sommet de Johannesburg, avouait : “J’ai des difficultés à expliquer ce que nous avons réalisé”, et regrettait quelque peu que l’activité du Nepad se résume à organiser des “conférences à n’en plus finir”. Entre-temps, le Sénégal s’est retiré du comité de suivi, le président égyptien, autre membre, ne s’est pas déplacé à Alger et Obasanjo ne serait plus président en mai prochain.

Il était peut-être temps de remettre à l’organisation africaine un instrument qui, après six ans de démarches, de réunions et de conférences, s’est avéré non concluant. En inscrivant cette dissolution dans le cadre d’une normalisation structurelle, on fait l’économie d’un bilan.

C’est tout de même un peu trop d’énergie dépensée pour si peu de retombées pour les peuples du continent.

Mustapha Hammouche

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