Théâtre à plein air

Qui a dit qu’en Algérie le théâtre n’existe plus ? Il existe et pas forcément intra muros ou enfermé dans des enceintes de spectacles. Il suffit de se balader dans les ruelles de nos villes. La mendicité est devenue un art à part entière.

Des enfants et des adultes (femmes ou hommes) ‘’bien habillés’’ comme le suggère la circonstance évidemment: habits sales et déchirés. Une maman qui prend son rejeton au giron en égrenant un chapelet d’expressions et tendant la main aux passants. Un couple assis sur le trottoir, les fils qui jouent à côté.

Un enfant accroupi pour bien attirer la compassion des gens, une fillette souriante tendant la main, une jeune fille simulant la paralysie en mettant un linge sale sur les genoux, un homme qui vous accoste, fait quelques pas avec vous tout en vous racontant son histoire et vous demandant quelques sous, on assaillit les belles voitures pendant les embouteillages…etc. Des mises en scènes des plus inspiratrices. Une femme à l’intonation et à la diction parfaite et stridente de quoi rendre jaloux des comédiens professionnels même. Le problème de l’assimilation du texte n’est plus posé. On apprend très vite et parfois on a pas besoin de texte on le crée.

La mendicité un art qui attire plus de foule à le pratiquer.

Une autre théâtralité qui ne va nous échapper également. Celle-ci est un peu ‘’chic’’. La culture de’’ Cheese’’. Un mot qu’on emploi pour décrire quelqu’un de beau, de ‘’cool’’…Remarquez que son usage est souvent à tort et à travers. Le travestissement linguistique nous est devenu monnaie courante. Vous trouverez dans nos ruelles toujours (les rues étant le fief du débridement d’une société mais surtout son miroir) des adolescents écouteurs aux oreilles, portables, Mp3, Mp4 ou IPod, allumés écoutant le dernier album de tel ‘’rappeur’’ ou telle artiste RnB.

On imite leurs expressions, leurs comportements au moindre geste. Pendant les discussions on ne parle que de ces artistes, de leur vie, de leurs habits, de leurs habitudes, leur mode vie, leurs manies.

 Le corps en fourmillement, répétant les textes des chansons apprises par cœur, gesticulant comme leurs artistes préférés. Voilà qu’un jeune casquette chic, une barbe artistiquement tracée, tatouage au bras, bagues aux doigts, lourds bracelets aux mains,  longs colliers autour du cou, transmet via bluetooth au téléphone portable de son ami une vidéo pornographique, ou les images qu’il a filmées pendant le cours des mathématiques lors du quel il s’est convainc qu’elles sont inutiles comme d’ailleurs il le voyait dans une fameuse publicité lui disant ‘Ma t’kasser’che rassek ! , ou les photos de telle ou telle copine…etc.

 Une autre théâtralité, fructueuse celle-ci comme la première d’ailleurs : la vente sur les trottoirs. On vend tout mais surtout les habits et gadgets pour femmes. Les hommes se contentent du peu qu’ils ont. Deux pantalons, deux chemises ou tee-shirts et c’est bon. Les femmes quant à elles exigent plus qu’il en faut. Par coquetterie, par imitation, rien que pour sortir et jouer son rôle de ‘’femme libre’’.

De petites tables s’improvisent. L’avantage est qu’elles sont vite démontées si la police renonce à sa complicité. Parfois on se contente d’étendre un bout de papier à carton, un long sachet ou un tissu pour mettre dessus la marchandise. Dès lors des hordes de femmes se déverseront entourant le marchand et sa marchandise. L’homme en extase (des femmes !!!) jouera tous les rôles possibles : le charmeur, le gentil, l’hypocrite, l’arrangeur…Une fierté l’enivrera la journée durant.

Un autre marchand criard vante ses articles à bons prix. Le guetteur épie une éventuelle survenance policière. Une femme qui marchande, une autre qui demande les prix, une autre qui demande l’avis de son accompagnatrice dans un français chic. Ses mêmes femmes s’indignent de l’exiguïté de l’espace et protestent contre la présence des marchands ambulants sur les trottoirs.

Le théâtre existe encore ! Détrompons-nous. Il suffit de bien regarder autour de nous. Les présentations sont gratuites mais ils faut être du spectacle et jouer son rôle de ‘’je fais attention aux agressions’’ parce que dans toutes les performances il y a des individus qui jouent leur rôle ‘’d’agresseurs’’.

Noufèl

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