Assumer
Les députés savent aujourd’hui qu’étant mal élus, ils n’ont désormais pas d’autre choix que de marquer leur passage à l’Assemblée par des actes politiques à même de contribuer efficacement dans la gestion des affaires du pays.
La nouvelle assemblée issue des législatives du 17 mai a été installée. C’est donc la troisième législature pluraliste que connaît l’Algérie depuis l’ouverture démocratique en 1989. Cependant, au-delà de son caractère pluraliste, la composante de l’APN manque de crédibilité. Contrairement aux élections de 1997 et de 2002, le scrutin du 17 mai dernier a été marqué par un fort taux d’abstention. Du coup, la question se pose dans toute sa dimension. Comment combler le déficit de crédibilité ou du moins de représentativité ? Lorsqu’on sait que les élections municipales auront lieu dans trois mois, les députés auront fort à faire en vue de redonner à une assemblée, qualifiée jusqu’à présent de caisse de résonance, sa véritable mission de contre-pouvoir.
Et pour y arriver, les parlementaires sont sommés d’abord, au-delà de leur présence à l’hémicycle Zighoud-Youcef, à une obligation qui a fait défaut aux deux dernières législatures au point où les Algériens n’hésitent pas à qualifier les députés de mercenaires, d’exercer les dispositions que leur confère la Constitution. Des propositions de lois jusqu’au contrôle de l’Exécutif en passant par l’instauration de commissions d’enquête en cas de graves problèmes ou conflits, les députés savent aujourd’hui qu’étant mal élus, ils n’ont désormais pas d’autre choix que de marquer leur passage à l’assemblée par des actes politiques à même de contribuer efficacement dans la gestion des affaires du pays.
En fait, les parlementaires doivent tout simplement assumer leurs missions devant leurs électeurs afin d’assurer d’abord leur propre réhabilitation et ensuite celle de toute l’Assemblée. Dans le cas contraire, il serait trop facile de s’interroger sur les raisons qui poussent les Algériens à bouder les urnes lorsque ceux-là mêmes qui sont censés défendre leurs intérêts manifestent des comportements pour le moins irresponsables en s’absentant ou en désertant l’APN lorsque des textes de lois engageant l’avenir de l’Algérie sont soumis au vote. Et les exemples ne manquent malheureusement pas, à commencer par la loi sur les hydrocarbures.
Salim Tamani