État de la médecine et santé de l’École

Malgré la diligence de la procédure en référé qui, pour la seconde fois, en un mois, leur interdit de mettre leur décision de grève à exécution, les médecins du secteur public sont à l’arrêt depuis hier. On peut s’émouvoir qu’ils délaissent ainsi les malades pour exprimer leurs revendications syndicales, mais l’on ne peut qu’être indigné de savoir qu’un médecin encaisse une prime de 680 dinars pour une nuit de garde, l’équivalent d’une consultation en cabinet.

Les connaissances et l’expérience que nos docteurs sont supposés accumuler avant de s’occuper de notre santé méritent bien un effort national pour leur offrir un traitement à la mesure de leur science et de leur fonction sociale.

C’est déjà miracle qu’avec l’école fondamentale, on arrive encore à apprêter certains de nos enfants à assimiler le savoir nécessaire à la compréhension du fonctionnement du corps humain. Des exigences draconiennes sont imposées aux bacheliers pour leur accès aux études de médecine, mais que peut garantir la sélection des meilleurs d’un enseignement médiocre? Au demeurant, c’est le niveau demandé d’inscription en médecine qui commande cette sélectivité. D’autres filières qui méritent autant ou plus d’élitisme sont ouvertes à tous les vents.

Au moment de cette grève, on apprend que les enfants manquent d’instituteurs de français au point qu’ils seront, par endroits, dispensés de l’épreuve de français dans le calcul de leur moyenne d’examen de sixième !

L’arabisation exaltée, entamée dès le lendemain de l’Indépendance et accentuée avec l’emprise progressive du sectarisme politique, répondait à la finalité idéologique d’exclusion de l’élite post-coloniale. Elle s’est traduite par une traque du français qui continuait à servir de langue de travail dans les différents niveaux de gestion de l’État, de l’économie, de la recherche, etc. Ce n’était pas la compétence qu’on voulait ôter aux élites francophones, mais la parole.

Dans une longue chasse aux sorcières francophones, des apprentis sorciers rivalisaient d’ingéniosité dans la traque de la langue de l’ennemi, jusqu’à inventer des cinquièmes colonnes faites de “francophiles”, de “laïco-assimilationnistes”, de “hizb França” et, jusqu’à tout récemment la suspicion jetée sur la “double nationalité”.

Il semble bien que la dilapidation du “butin de guerre” ait largement contribué à la dégradation du niveau des enseignements scientifiques. Et tous les enseignements sont scientifiques. Une langue unique peut suffire à prendre la parole dans un meeting ou à l’APN. Mais une langue isolée, sclérosée, surtout si elle relève d’une sphère qui participe si peu à l’innovation scientifique et technologique, ne peut, seule, pourvoir au besoin de transfert des connaissances nécessaires au progrès d’une société. La guerre aux langues est aussi une guerre au savoir.

La fracture linguistique, imposée par le progrès scientifique inégalement réparti, est mondialement combattue par le plurilinguisme. C’est au moment où ceci se confirme, partout, nous constatons que nous ne pouvons pas nous permettre des instituteurs de français en nombre utile.

Et pour surmonter le scandale, on fait passer tout le monde, avec sans seconde langue, dans la classe supérieure !

Mustapha Hammouche

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