« Kdé haja » ?

Tahar Benjelloun est un écrivain marocain francophone décoré, comme le célébre général Bellounis, de la légion d’honneur par une France reconnaissante mais non repentante. Tahar Benjelloun s’intéresse lui aussi à la question des frontières. Un sujet à la mode au Maroc et en France. Donc, comme son roi, il demande à ce que les frontières sautent.

Il trouve absurde qu’on puisse aujourd’hui fermer une frontière. «A bas les frontières, laissez les jeunes des cinq pays de la région créer un seul et grand Maghreb, uni démocrate et moderne», lance-t-il dans une générosité bonne pour les étals mais préventivement mise à nue, en mars dernier, par notre ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni. «Il n’est pas question de construire un Maghreb où certains seront gagnants et d’autres perdants. Le Maghreb ne se limite pas au Maroc et à l’Algérie. Tous les peuples qui le composent doivent y trouver leur place», disait Zerhouni.

Des propos à la générosité moins obèse que celle de l’intellectuel mais qui démontrent que la vision d’un flic d’Algérie peut être plus profonde, plus correcte, plus équitable. Si Benjelloun se prenait un laps de temps entre quat’z’yeux, il se rendra peut-être compte qu’il est injuste et surtout contreproductif de denier l’existence d’un sixième peuple, le peuple sahraoui, dans notre Maghreb ?

Lui qui parle de créer un ensemble «uni, démocratique et moderne» trouve-t-il normal qu’on dénie à un peuple le droit de s’autodéterminer ? Un droit qui figure dans toutes les résolutions pertinentes de l’ONU et de notre organisation continentale. Absolument toutes. Et puis, Benjelloun pourra-t-il soutenir que la proposition marocaine d’autonomie est aussi démocratique que celle du Polisario qui ouvre totalement le jeu ? Dans son interview de jeudi dernier à l’hebdomadaire italien l’Espresso, l’écrivain reprenait mot à mot les paroles du roi exprimées dans son discours de juillet dernier.

La fermeture des frontières «est vécue par les deux peuples comme une sanction collective, incompatible avec les liens de fraternité historique, avec les exigences d’un avenir commun et les impératifs de l’intégration maghrébine», disait notamment Mohammed VI. Des personnalités politiques françaises commercialisent d’ailleurs le même produit.

On dit la situation «absurde» et on veut que les frontières sautent, mais on ne pipe mot sur «le mur de la honte» qui sépare du Nord au Sud le Sahara occidental en deux. Un mur de conception sioniste mais qui se distingue des remparts israéliens par les champs de mines qui le longent et empêchent les membres d’une même famille de se réunir. Jamais Benjelloun n’a consacré ne serait-ce qu’une syllabe à cet ouvrage d’art que des Européens étaient venus dénoncer sur place.

Benjelloun a le don d’omettre de dire ce qu’il faut dire et de discourir sur les ragots. Ne prétendait-il pas en mai dernier, dans ce même hebdomadaire italien, que l’Algérie «vise à travers la création d’un Etat sahraoui, sous son égide, à accéder à l’Atlantique… ». Benjelloun était allé jusqu’à avancer que l’Etat algérien «ne supporte pas l’idée que son voisin marocain ait une double ouverture sur la mer».

Alger s’accommoderait très bien du cas espagnol mais pas de celui du Maroc, il le jalouse. Une pensée à traduire en 30 langues à l’instar de ses livres qui, comme prétendait Sarkozy, «parlent à des hommes innombrables sur toute la surface de la terre ou presque». Sacré Sarkozy !

Mohamed Zaâf

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