Ramadhan, les prix et la baraka

La hausse annoncée des prix pour le mois de Ramadhan est déjà là. La presse se fait l’écho des frémissements de la mercuriale. C’est la salade qui, doublant son prix en une semaine, s’est chargée cette fois-ci de donner l’alerte. Mais il paraît que tous les fruits et légumes ont connu une augmentation anticipée. Le discours moraliste ne tardera pas à envahir la chronique des cours des denrées alimentaires. C’est pourtant cela qui semble être une des lois du marché : à chaque fois qu’un produit devient incontournable, son prix se raffermit, même s’il est disponible. Un modèle de consommation qui frise le dogme s’impose pour un mois.

Cet attachement culturel à un mode alimentaire qui voudrait que, durant un mois, piété rime avec ripailles ne peut être sans conséquence sur le budget des ménages. Car la période de jeûne n’est pas, en matière de menus, une période d’abstinence.

Le fait que, cette année, le début du Ramadhan coïncide avec la rentrée aggrave encore la crise des budgets familiaux.

Il paraît que l’?tat a prévu quelques mesures de régulation pour les produits de large consommation : elles consistent à subventionner la conservation de ces articles afin d’encourager la production. Mais ce qui est possible pour la pomme de terre l’est-il pour la tomate ? L’expérience de la viande fraîche importée l’an passé laisse dubitatif quant à la possibilité de contrecarrer la logique spéculative du commerce du Ramadhan par l’injection dans le circuit de distribution de surplus de marchandises. Personne n’a pu acheter de la viande fraîche à quatre cents dinars, comme annoncé !

On rapporte cette réplique d’un boucher interrogé par une ménagère qui lui demandait où est passée la viande importée pour être revendue à quatre cents dinars : “? la télévision”, a rétorqué le commerçant à sa cliente.

Le gouvernement a peut-être trop de choses à prévoir. Et en plein été, ce n’est sûrement pas propice à la concentration prospective. Cela fait des mois qu’il s’emploie à prioritairement préparer la saison du hadj 2008.

Et même avec un office national créé pour cela, il n’est pas sûr d’éviter la réédition des scandales organisationnels et financiers passés. Il n’est pas encore sorti de la crise de l’approvisionnement du médicament, non plus. D’autant plus que c’est le ministre, qui fut impuissant à gérer la pénurie de la seule pomme de terre, qui est en charge de l’assainissement de l’offre de toute une nomenclature de médicaments.

La prospective n’est pas, en effet, une aptitude caractéristique de nos gouvernants. Même le prix d’un produit stratégique comme le pétrole est victime de prévisions officielles à l’emporte-pièce. Le 26 juin dernier, sur France 24, le ministre de l’?nergie prévoyait un baril de pétrole “à 150 - 170 dollars cet été” ; fin juillet, en marge de la quatrième conférence de l’énergie à Alger, il prédisait un prix “entre 70 et 80 dollars” si “le dollar se renforce et si la crise avec l’Iran est résolue”. Une marge prévisionnelle de 100 dollars en un mois, ce n’est plus de la prévision, c’est la roue de la fortune.

Ce qui fait que le Ramadhan 2008 se passera comme les précédents : un surplus de dépenses et avec sa baraka.

Mustapha Hammouche

Comments are closed.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It