Fausse alternance, vraie succession!

Vous qui avez mon âge et peut-être un peu moins, et qui aviez suivi les campagnes électorales depuis presqu´un demi-siècle (je parle évidemment des vraies campagnes électorales, celles de France, de Navarre ou de Toscane), vous vous êtes certainement rendu compte (avec la perspicacité qui est la vôtre) que les campagnes sont dures et impitoyables, que les adversaires se déchaînent les uns contre les autres, affûtent leurs armes, sortent les toutes dernières, récemment forgées et ciselées dans les officines des spécialistes de la communication et se les jettent à la face, semant le trouble et la suspicion dans l´esprit torturé des électeurs indécis qui n´ont pas encore choisi leur camp.

Car il faut dire que s´il y a des citoyens (et citoyennes) qui sont politisées et qui votent en fonction de leurs intérêts de classe, de culture, de formation ou de tradition familiale, une grande part des électeurs se comportent comme les roseaux sous l´effet d´une brise légère; ils se penchent sous l´action du vent, de la mode ou souvent succombent au charisme du candidat. Par contre, pour le citoyen politisé, il faudrait une tornade, une tempête, un ouragan pour les déraciner et les placer sur le terrain d´en face. Certains autres et ils sont rares, résistent aux cyclones les plus ravageurs et ils préfèrent mourir que de trahir leurs idéaux.

Tout cela, pour dire que dans les pays à culture démocratique, là où les partis, par tradition, concoctent des programmes économiques et sociaux à long terme, la campagne électorale devient féroce car elle peut provoquer une véritable alternance au niveau de l´Exécutif comme au niveau du corps législatif. L´opposition d´hier devient le pouvoir d´aujourd´hui avant de redevenir opposition si les électeurs changent d´avis au prochain scrutin. Le scrutin devient comme une station de métro, celui qui descend attend la prochaine rame. Et c´est la raison pour laquelle certains déploient tous leurs talents pour ne pas descendre et continuer leur confortable voyage avec les privilèges liés à leur statut.

Alors, on comprend que les campagnes soient féroces et que les nouveaux élus dénoncent avec force arguments et chiffres à l´appui, les erreurs de leurs prédécesseurs ou leur malhonnêteté.
Mais que se passe-t-il dans les fausses démocraties où les députés sortants, tout comme les ministres, se repassent le témoin comme dans un relais de x fois cent mètres?

Dans ces régimes où la démocratie n´est que dans les paroles, jamais dans le ton, le ministre qui arrive à son nouveau poste évalue la situation, étudie le bilan dressé par les spécialistes sur l´action de son prédécesseur et se trace un plan de travail en promettant monts et merveilles tout en mettant en évidence le passif de son prédécesseur. Après une ou deux années, le consommateur ne voit rien venir et le ministre, qui est dans la même majorité que son prédécesseur, repasse le témoin au suivant qui est copain avec eux, qui leur sourit dans les Conseils ministériels et autres occasions officielles et fera les mêmes promesses en déplorant toutefois “la situation dont il a héritée”. Et la révolution continue.

Selim M’SILI

Comments are closed.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It