Vive les flics

Toute cette semaine, les policiers nous ont gâtés en matières publiables, en organisant une salve de cérémonies de remise de grades et d’annonces de promotions, en même temps que des rencontres festives pour célébrer le quarante- sixième anniversaire de la création de la Sûreté nationale. Cette année, Tounsi, patron des «hommes en bleu» ne s’est pas confiné à la célébration routinière telle qu’elle se fait chaque année au mois de juillet, avec les éternels banderoles vantant «la police au service du citoyen» et les bouquets de fleurs sur les guérites de carrefours, mais a offert à ses troupes, pour marquer l’évènement, une sympathique cerise sur le gâteau, en un très élégant uniforme, aussi pratique dans son port que raffiné dans son esthétique.

La célébration a été accompagnée, une semaine durant, par une impressionnante série d’inaugurations de structures de sûreté de wilaya, de commissariats et de postes de police même dans les zones connues pour être des lieux de non-droit, comme les bidonvilles. Il est évident que n’étant pas fervent adepte de l’applaudimètre réactivé au gré des circonstances, on ne se serait pas épanché sur la mise en exergue de cette célébration, si les devantures des réalisations inaugurées et si l’apparat du nouvel uniforme n’étaient accompagnés de changements notables, voire de bouleversements, mais sur un rythme progressif depuis quelques années, constatés dans les mentalités et dans les comportements du corps de la police.

En langage clair : le policier ne fait plus peur et ne représente plus cet épouvantail qu’on aborde avec crainte au ventre et cœur battant en tant que symbole vivant et agissant de la répression. En outre, le commissariat n’est plus ce lieu lugubre synonyme de passage à tabac en guise de comité d’accueil et d’insultes grossières avant le passage au mitard, dans des sous-sols où le citoyen perd ses reliquats de dignité, parfois même pour des fautes qu’il n’a pas commises. Aujourd’hui, même dans leur configuration architecturale, les commissariats sont devenus des lieux accueillants, où évoluent des policières et policiers au visage courtois et avenant. En somme, le policier est réhabilité dans sa première vocation, celle de représenter la protection et non pas, automatiquement, le châtiment, et c’est toute la crédibilité de l’Etat de droit qui gagne par ce regain de confiance en l’un de ses plus apparents symboles.

Les enquêtes ne s’effectuent plus comme par le passé avec le seul but d’arracher les aveux du suspect pour qu’il «confirme», sous la pression physique et psychologique, qu’il est bien «coupable», mais par des moyens scientifiques hyper modernes, sur lesquels trône l’irréfutable test ADN qui confirme ou infirme la présomption d’innocence. Comme les changements sont très notables et visibles à chaque coin de rue, il nous semble d’ailleurs superflu d’insister sur cette métamorphose quasi spectaculaire de la police, un corps constitué (civil) qui fonctionne sous le sceau de la proximité, pour ne pas dire de l’osmose, avec le citoyen.

En toute humilité, cet écrit se veut un partage de la fête, mais cela ne saurait nous exonérer d’un constat d’absence et d’un devoir de mémoire envers les absents qui manqueront à tout jamais aux célébrations. Que les policiers martyrs du devoir, lâchement assassinés au sortir du domicile, tués en plein combat ou déchiquetés en désamorçant une bombe pour sauver des vies innocentes trouvent ici l’expression d’un vibrant hommage. Et surtout qu’ils soient rassurés : leurs compagnons d’hier veillent au grain aujourd’hui.

Nadjib Stambouli

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