EH ! M’SIEUR ! LES PILIERS SONT FATIGUÉS !
Avec Angela Merkel, l’Allemagne veut engager une véritable opération séduction en direction de l’Algérie.
N’exagérons rien non plus…
Ali Tounsi, patron de la police, vient de déclarer : «Le citoyen est le pilier de la sécurité.» Wallah ya Si Ali que ce n’est pas à moi qu’il faut dire ça. Faut le dire à tous ces citoyens des bourgs, villages et villes à qui l’on a pris la tête des années durant, leur expliquant qu’il leur fallait participer à la lutte antiterroriste, isoler les barbus armés, les empêcher de se nicher dans les quartiers et communiquer toute information susceptible de faire tomber les bouchers.
Ces citoyens-là, convaincus, ont participé à précipiter la défaite du GIA et du GSPC. Ces citoyens-là ont mouillé le maillot, et même le froc, tellement ce qu’ils ont fait était hyper dangereux. Ils ont aidé à réduire des poches intégristes. Ils ont grandement contribué à faire éliminer des émirs, des katibate, des sériate et autres trucs ignobles qui se terminent par «yate». Ces citoyens-là ont souvent agi à visage découvert, mettant en péril leur vie et celle de leurs proches.
Nombre de ces citoyens-là ont vu leurs foyers brisés à jamais. Et en retour, qu’a-t-on fait pour ces citoyens-là ? Les tangos arrêtés ont été engraissés en prison, rasés de près et de frais, habillés de pied en cap, blanchis, grassement indemnisés, réhabilités, libérés et renvoyés à une tâche infecte : celle d’aller rire sous le nez des citoyens qui avaient aidé à les arrêter, celle de les menacer ouvertement, celle de les obliger à baisser les yeux sur leur passage et même celle de les faire enfermer à leur tour.
Voilà, Monsieur Tounsi, le sort que l’on a réservé à vos «piliers de la sécurité». Alors, oui, ça a peut-être marché dans les années 90. C’est plus difficile à avaler aujourd’hui. Car tous les architectes vous le diront, les piliers, c’est peut-être solide, mais ça a aussi une durée de vie. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Hakim Laâlam
