«Chaque chose en son temps»

Comme de tradition, le président Bouteflika s’est rendu aux Tagarins pour y prononcer un discours à la nation à l’occasion des festivités du «5 juillet». Un discours que les Algériens et non Algériens attendaient dans l’espoir d’en finir avec le suspens autour de la révision constitutionnelle, du troisième mandat et d’être fixés, bien sûr, sur le niveau de la représentation algérienne au prochain sommet parisien pour le lancement de l’énigmatique UPM.

Une réunion qui se place tel un préambule de la fête nationale française du 14 juillet mais qui, en Algérie, use de la séduction sans trop de succès. Ainsi, M. Chakib Khelil, notre ministre de l’Energie, ne montrait aucun enthousiasme envers l’UPM.

L’Algérie a ses propres projets et «nous n’avons pas besoin de leurs projets dans ce cadre (de l’UPM, ndlr)», disait le président de l’OPEP dans une interview publiée hier par Algérie News. Plus discret, le président Bouteflika ne dit pas la moindre syllabe ni sur la Constitution, ni sur le 3e mandat, encore moins sur sa présence ou non à Paris. «Chaque chose en son temps», pourrait-il dire une fois de plus.

Et pour le chef de l’Etat, le temps est à la consolidation de la réconciliation nationale. Une tâche privilégiée, voire historique à laquelle adhérait Abdelaziz Belkhadem, mais dont l’exécution échoit à M. Ahmed Ouyahia, l’homme qui lui succéda au poste de chef du gouvernement pour conduire la nouvelle étape.

Le message présidentiel qu’Ouyahia lisait le mercredi 2 juillet aux membres de la troupe artistique du FLN annonçait déjà la couleur. Le message se prononçait clairement «pour une concrétisation totale de la réconciliation nationale». Une phrase par laquelle il est reconnu implicitement que la réconciliation n’a pas été réalisée à 100 %. Phrase qui laisse aussi entendre que les choses n’en resteront pas là et qu’on envisage probablement des initiatives qui puissent aider à aboutir à la réconciliation globale.

L’Algérie de 2008 n’a, grâce à Dieu, plus rien à voir avec l’Algérie de 1999. Bien qu’en deçà des attentes, ses institutions ont connu une évolution plutôt positive. Le pays a opéré une mutation en douceur et réussi à se «rééquilibrer» au moindre coût, sans trop de casse, même si les plus impatients parlent de lenteurs et exigent une marche plus rapide.

Et que penser lorsqu’on se surprend à écouter Rabah Kébir parler de son projet de parti sur un ton plus réconciliateur, plus confiant, plus éloquent que tous les mutismes de Wafa, du Dr Ahmed Taleb Brahimi ? Mais de quelle utilité peuvent se prévaloir les partis «autorisés» quand le Président se résigne lui-même à inviter les responsables de l’administration centrale, communale et des wilayas à «ouvrir les portes du dialogue, jeter les passerelles de la confiance mutuelle et se rapprocher davantage des citoyens afin d’écouter leurs préoccupation… « ? Des passerelles qui aideraient à localiser, voire à neutraliser les fameuses parties qui, selon le Président, entraînent nos jeunes dans la discorde et les destructions pour frapper la stabilité du pays.

Il reste que la charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée par voie référendaire en 2005, «mandate le président de la République pour prendre toutes les mesures visant à en concrétiser les dispositions». Il serait malheureux qu’une telle arme continue à rouiller dans les tiroirs !

Mohamed Zaâf

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