Le respect, le meilleur garrot

S’il est certifié qu’autant que celles du Seigneur, les voies de la diplomatie sont impénétrables, cette vérité ne dispense pas l’observateur de s’interroger sur la pertinence du rattachement, depuis hier, du segment «communauté algérienne établie à l’étranger», plus prosaïquement les émigrés, au ministère de la solidarité nationale. Mais qu’importe la tutelle, pourvu que l’efficacité y soit.

Le ministre des AE, suivi de celui de la solidarité, ont rappelé hier devant les diplomates les sempiternels principes du «profond attachement de l’Algérie à ses ressortissants établis à l’étranger», assortis des non moins sempiternels réitérations des appels à «l’implication de cette même communauté au développement du pays».

A moins que l’impression de déjà-vu et déjà entendu soit investie d’une force décisionnelle, en ayant à l’usure la résistance des émigrés au retour et leur peu d’entrain à se bousculer au portillon de l’investissement financier et intellectuel dans «la mère patrie», il faudrait quand même se rendre à l’évidence que les méthodes tentées à ce jour n’ont pas été d’une rentabilité exemplaire. Il y a quelques semaines, un énième conclave organisé ici à Alger avec la même noble et non moins vaine tentative de convaincre les émigrés invités,

«cerveaux» ou investisseurs potentiels, a achoppé sur un refus aussi courtois que catégorique. La seule satisfaction a été cette fois-ci que les concernés ont été plus francs que par le passé et n’ont pas enrobé leur niet dans la démagogie coutumière.

Par contre, ils n’ont pas exclu de se mettre à la disposition de leur pays d’origine sans que cela soit soumis au préalable de la réinstallation, ce qui est plus qu’évident avec les moyens modernes de communication induits par la mondialisation, avec internet et le raccourcissement des distances.

Cependant, quitte à ressasser cette vérité autant que répéter se peut, il reste illusoire et les meilleures volontés politiques imbibées de la plus profonde sincérité des gouvernants n’y changeront rien, de vouloir «appâter», sans connotation péjorative, les émigrés à s’intéresser à l’Algérie et à y injecter fric et savoir-faire, en continuant à leur offrir le spectacle des cadres qui quittent le pays par paquets entiers. Une fois arrivés là-bas, ces derniers ont le réflexe naturel de raconter ce qu’ils auront enduré ici, ce qui n’est assurément pas le meilleur argument de vente de la destination-Algérie, version retour des cerveaux.

Que ce soit à l’université, dans les entreprises (publiques, évidemment) ou les ministères, nos cadres continuent à souffrir de leur mise à l’écart de la décision et de la marginalisation, sans parler des moyens rachitiques mis à leur disposition autant pour travailler avec une efficacité digne de leur compétence intrinsèque, que pour faire vivre convenablement leur famille.

Réconfortons nos cadres, donnons le minimum pour s’épanouir au diapason de leur statut intellectuel, gardons-les dans leur pays pour qu’ils lui restituent ce qu’il leur offert et l’effet d’entraînement se déclinera tel un fruit mûr. En d’autres termes, avant de songer à faire rebrousser chemin à la transfusion sanguine, songeons d’abord à mettre fin à l’hémorragie.

Nadjib Stambouli

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