Les dividendes d’une libération surmédiatisée

Que des cercles officiels aient acheté la trahison de membres des Farc pour obtenir la libération de la ressortissante franco-colombienne, Ingrid Betancourt, ou que les services secrets colombiens aient réussi haut la main une opération commando, cela importe peu.

La saturation médiatique qui a suivi la libération de l’ancienne candidate à la présidentielle colombienne suffit à expliquer les tenants et les aboutissants du rapt d’une personne parmi des milliers d’autres qui, elles, pèchent par leur anonymat.

De la libération de Betancourt, deux personnes au moins tirent des dividendes politiques. L’opération, à forts relents propagandistes, profite en premier lieu au président colombien, Alvaro Uribe, en mauvaise posture dans un pays qui peine à se départir de l’influence américaine, au moment précis où le Vénézuélien Chavez gagne en popularité dans le continent latino-américain grâce, justement, à son opposition acharnée à l’administration Bush.

Uribe marque ainsi des points, en même temps que l’armée colombienne, embourbée dans sa lutte contre le redoutable cartel de Medellin qu’elle n’arrive toujours pas à étêter, malgré la mort de Pablo Escobar depuis 15 ans. Quant aux Farc, qu’on dit affaiblis, ceux-ci n’en demeurent pas moins en activité. Et tout porte à croire que la libération de Betancourt les poussera à envisager une opération spectaculaire dans les semaines à venir aux fins de remonter le moral des troupes.

En France, Nicolas Sarkozy, loin d’être incommodé par le décalage horaire – il était près de 23h –, a saisi la balle au vol, profitant de ce que l’opinion publique française a donné à cette affaire une envergure nationale. Sarkozy, qui n’est pas pour grand-chose dans la libération de Betancourt, a, néanmoins, pris sur lui d’en faire l’annonce, faisant de cette libération une affaire d’Etat.

Uribe et Sarkozy jouent à qui tirera le maximum de dividendes d’une opération de communication laquelle, avec le temps, risque de se retourner contre eux. Le premier retour de flamme est venu des médias. Le doute ne tardera pas à prendre le dessus sur l’euphorie. L’exemple de Florence Aubénas et d’autres otages français libérés est là pour nous le rappeler.

Mehenna H.

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