Ça roule!

L’arrivée des grosses chaleurs ne favorise guère l’envie de travailler, surtout chez les salariés qui sont mal payés au mois et à l’année. Mais, me direz-vous, ni la chaleur, ni le froid n’inspirent l’ardeur au labeur.

Un jour de printemps ensoleillé, pas plus qu’un jour d’automne ne sont propices à l’expression des capacités productrices. C’est en tout cas l’impression générale que dégagent les rues de nos villes et les routes de campagne ou les voies interurbaines: elles sont toutes encombrées de véhicules de tous genres, de tous types et de tous formats.

Ni les départs en congé, ni l’arrivée des émigrés n’influent sur le cours d’une circulation qui se densifie chaque jour un peu plus grâce à l’enrichissement discret et progressif des petites bourses mais surtout grâce au crédit automobile qui profite surtout (soit dit entre nous) aux banques et aux importateurs. Cependant, comme tout le monde est content de prendre la route au volant de sa propre voiture, donc, on ne mord pas la main qui vous nourrit.

Mais c’est quand même surprenant de voir tant de monde dehors aux heures de boulot: entre huit et dix-sept heures. Vous me direz que les horaires sont élastiques chez nous et que tout le monde ne travaille pas à la même heure.

Ceux qui travaillent de nuit rentrent chez eux quand ceux qui font semblant de travailler la journée s’échappent de chez eux pour aller ailleurs après une petite escale au bureau où ils sont censés être actifs. Et puis, les métiers sont tellement divers que même les spécialistes du SGT ne sont pas arrivés à faire une nomenclature complète. Et puis, il y a tellement d’agents dont le métier est sur la route et qui se déplacent continuellement, menant une vie de bâton de chaise.

Il y en a qui sont visibles grâce à leurs uniformes, leur tenue de travail ou aux couleurs et sigles qui ornent leurs voitures: les agents de police, les ambulanciers, les pompiers, les agents de Sonelgaz ou de la wilaya; tout ce beau monde se déplace sans cesse pour assurer le confort du citoyen.

Il y a, bien sûr, ceux qui ne portent pas d’uniforme ou de signe distinctif et qui circulent dans des voitures banalisées et qui font le même travail. Il y a les enseignants qui vont à leur école, les contrôleurs des prix qui ont ciblé un épicier de quartier réputé pour faire valser les étiquettes parce que le commerce informel l’a ruiné.

Il y a les inspecteurs des impôts, les VRP, les détectives, les agents immobiliers accompagnant leurs clients, les escrocs, les victimes, les intermédiaires de toutes sortes, les chercheurs de tout acabit, ceux qui vont chercher un travail, une pièce d’état civil dans leur douar d’origine, un amoureux qui vole vers sa dulcinée, un estivant à la recherche d’une plage idéale, celui qui va faire une visite de courtoisie à quelqu’un de bien placé pour un éventuel piston, cet autre qui ne sait plus à quel syndicat se vouer puisqu’il a été licencié arbitrairement et qui attend patiemment, en roulant entre le bureau de son avocat et son entreprise pour que son problème soit résolu.

Enfin, il y a ceux qui roulent pour rouler, histoire de consommer de l’essence à bon marché vu que c’est papa qui fournit les bons. C’est cela, l’Algérie, tant que ça roule, c’est que tout va bien. Alors le travail…

Selim M’SILI

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