Sans faux-semblants ni faux-fuyants

La crise du Zimbabwe qui survenait la veille de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement africains (la plus haute instance de l’Union africaine), constituait une épreuve grandeur nature pour l’Afrique de mesurer ses avancées réalisées par rapport à la défunte OUA (Organisation de l’Unité africaine, qualifiée de «syndicat» des chefs d’Etat).

L’occasion était unique pour l’Union africaine de mettre en application, ou du moins tester, ses nouvelles aptitudes lorsque un Etat se rend coupable de pratiques allant à l’encontre du droit et de la bonne gouvernance.

Ce dont, selon toute vraisemblance, s’est rendu coupable le Zimbabwe qui a organisé une mascarade électorale pour le second tour de l’élection présidentielle. M.Mugabe, qui s’estime «président de droit divin» a fait dévier le scrutin de son aboutissement logique.

Or, l’Union africaine, dans sa nouvelle version, a prévu dans ses règlements (cf; les prérogatives attribuées au Conseil de paix et de sécurité -CPS/UA, permettant à ce dernier d’intervenir) la possibilité de prendre des sanctions contre tout Etat n’observant pas le minima de bonne gouvernance.

De fait, parmi les prérogatives du CPS figure la disposition suivante: «impose (…) des sanctions chaque fois qu’un changement anticonstitutionnel de gouvernement se produit dans un Etat membre».
C’est clairement le cas pour ce qui est du Zimbabwe.

Toutefois, tétanisés par le précédent que pouvait constituer une prise de décision, qui les engagerait pour le futur, les chefs d’Etat africains ont temporisé tentant de trouver une solution de compromis entre le président Mugabe et son opposition.

D’aucuns estiment d’ores et déjà que l’Union africaine a raté son test de crédibilité en évacuant la crise zimbabwéenne, du moins en ne prenant pas les mesures qui s’imposent et que lui permettent les statuts de l’UA et la charte de son Conseil de paix et de sécurité.

Certes, l’Union africaine a fait l’objet de fortes pressions de la part de l’Occident qui estime pour sa part «illégitime» la réélection de Mugabe. Ce qui est également l’avis du secrétaire général des Nations unies. Dès lors, il ne peut exister de solutions africaines à des problèmes de gouvernance et de droits de l’homme qui sont d’ordre universel.

Et appliquer sereinement ses propres règles, qui sont en équivalence avec les recommandations de l’ONU notamment, n’est en rien humiliant pour l’Afrique. Bien au contraire! D’autant plus qu’il ne peut y avoir d’échelle de valeurs pour ce qui est de la bonne gouvernance, dont le suffrage universel reste un des piliers.

On pensait la méthode «OUA» dépassée. Il faut sans doute encore patienter pour voir l’UA porter enfin les espoirs des peuples africains et accéder à la maturité politique qui sied à un ensemble qui dirige, ou veut guider les nations africaines vers le développement.

Pour ce faire, l’Union africaine se doit de donner un sens à ses propres règlements et de les appliquer dans la transparence, sans faux-semblants ni faux-fuyants. C’est là le prix de sa crédibilité.

Karim MOHSEN

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