Nouveau «sale boulot» pour Ouyahia

Ahmed Ouyahia a «instruit les membres du gouvernement pour une plus grande mobilisation dans la lutte contre les maux sociaux et particulièrement la corruption», mentionne le communiqué officiel publié à l’issue du premier Conseil de gouvernement qu’il a présidé samedi dernier. Ce n’est là qu’une des sept instructions aux ministres.

Elle est cependant la plus ardue et la plus sensible. Le communiqué ne donne, malheureusement, aucun détail sur la nature de cette «mobilisation» et des moyens qui y seront mis. La «lutte contre les maux sociaux» est un leitmotiv que nous servent nos gouvernants depuis la nuits des temps. De plus, il ne faut pas avoir peur de le dire, la corruption a depuis longtemps, dépassé dans notre pays le stade du simple mal.

C’est aujourd’hui un fléau. D’une gravité qui l’intègre de fait dans cette perversion des mentalités qu’Ouyahia fustigeait lors du dernier congrès de son parti. On pourrait comprendre que le communiqué ne se voulait pas alarmant. Qu’il voulait dédramatiser l’endémie. Peut-être pour mieux s’y attaquer. Pour éviter de fortes résistances. Au-delà de toutes ces prudences sémantiques dont le contrecoup, et non le moindre, serait précisément une démobilisation populaire, le diagnostic de tous nos «maux sociaux» est posé depuis belle lurette.

Un diagnostic connu par tous les citoyens. Pour la raison simple qu’ils vivent ces maux au quotidien. Y a-t-il un seul Algérien qui n’a jamais été victime d’une tentative de corruption? Ne nous voilons pas la face, le mal est profond. Il gangrène le corps social. Les moyens dont doit disposer toute «mobilisation» sont de trois ordres. La répression pour le court terme. La prévention pour le moyen terme et l’éducation pour le long terme. Pour la répression, il est impératif de durcir le dispositif pénal.

De plus, il faut accepter - pour la bonne cause - de se faire violence et trouver le moyen de séparer, au moins pour une période, la victime de l’accusé. Persister sur la double responsabilité pénale - corrompu-corrupteur -, comme c’est le cas aujourd’hui, n’est au final qu’un encouragement à l’omerta. Une loi du silence qui est en elle-même une forme de démobilisation.

La prévention est, quant à elle, dans les moyens de contrôle renforcés et rigoureux. L’éducation, enfin, est un travail de plus longue haleine qui concerne l’école, la famille, les affaires religieuses, les médias et… le bon exemple des plus hauts responsables.

La tâche d’Ouyahia contre ce fléau est loin d’être aisée. C’est même un nouveau «sale boulot» qui l’attend. Une étiquette de plus ou de moins. L’imperméabilité de l’homme aux «jugements qui ne valent que par ceux qui les font» est connue. Que de fois, par le passé, certains lui ont prédit l’impopularité. Ce faisant, ils n’ont réussi qu’à renforcer sa popularité.

Zouhir MEBARKI

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