Illusions africaines
Comme son ancêtre l’OUA (Organisation de l’unité africaine), l’UA (Union africaine) est en train de donner la preuve qu’elle n’est qu’un syndicat de chefs d’Etat et non une institution qui défend les intérêts des peuples au nom desquels elle prétend parler. Sinon comment expliquer le silence de cette organisation devant la situation dramatique que vit le peuple zimbabwéen.
En effet, le dictateur Robert Mugabe, malgré son âge avancé (il a 84 ans), s’accroche au pouvoir et menace même de plonger son pays dans la guerre civile s’il n’est pas reconduit à la tête du pays. En effet, il n’a pas hésité à dire que, de son vivant, jamais l’opposition n’accédera au pouvoir et que les anciens combattants de la guerre de libération lui auraient affirmé qu’ils reprendraient les armes si cette même opposition gagnait les élections présidentielles.
L’Afrique a connu des tas de dictateurs, mais jamais l’un d’eux n’a tenu un tel discours, résolument antidémocratique et qui laisse planer des doutes sur la santé mentale de l’homme. Mais le plus révoltant dans cette histoire est le silence des dirigeants africains, un silence complice. On sait que la plupart d’entre eux sont illégitimes, qu’ils ne portent pas la démocratie dans leur cœur et que souvent ils ne lâchent le pouvoir que par la force des baïonnettes.
Mais accepter la déstabilisation du Zimbabwe par un mégalomane devient criminel, car s’il arrive quelque chose à ce pays, c’est toute l’Afrique australe qui en pâtira et, à terme, le continent.
Malheureusement, il n’y aura même pas une condamnation verbale de l’action de Robert Mugabe et de la farce électorale qu’il vient d’organiser, malgré les appels à la raison lancés par plusieurs chefs d’Etat hors d’Afrique.
Les peuples africains auront eux à méditer sur cette UA qui n’est en vérité qu’un « machin » au service des maîtres du moment. Quant à attendre de sa part une volonté de démocratiser sérieusement la vie politique africaine, c’est là un rêve qui n’est pas près de se réaliser.
Tayeb Belghiche
