POUTINE ET OUYAHIA

Ouyahia ne peut s’en plaindre, il a eu bonne presse. Avec en prime une comparaison qui est destinée à lui faire plaisir : on le compare à Poutine. Autant rappeler aux lecteurs l’essentiel des idées de l’ex-président russe et de ses orientations politiques. Quand il arrive au pouvoir, Poutine va d’abord régler un problème qu’il considère vital pour la sécurité nationale russe : il récupère le pétrole pour le remettre sous souveraineté de l’Etat.

Pour lui, il n’était pas question qu’une ressource aussi vitale puisse passer aux mains du privé avec tous les risques d’influence que cela suppose sur les orientations politiques et sociales et toutes les fenêtres que cette privatisation des hydrocarbures ouvrait aux puissances étrangères. Deuxièmement, Poutine a fait du raffermissement de l’Etat russe et de son rétablissement dans le jeu international la deuxième priorité.

Il a compris qu’un Etat ne peut s’imposer qu’en s’opposant. La réalité millénaire des relations internationales est faite de conflits d’intérêts et de recherche d’espaces, de débouchés et d’accès aux grandes ressources. Un Etat élabore ses propres orientations ou il devient un Etat vassal et dominé.

Dans le cas de la Russie, Poutine devait freiner les appétits de la nouvelle oligarchie prête à toutes les trahisons nationales pour accélérer son enrichissement et interdire le retour des communistes. Poutine a dû sauvegarder les intérêts des nouvelles classes bourgeoises russes contre leur propre appétit.

Cette question des frontières nécessaires entre intérêt particulier d’une classe et intérêt de l’Etat s’est posée dans tous les pays en lutte pour leur développement et qui ont choisi l’économie de marché ou d’en utiliser quelques lois. La Chine et le Vietnam sont les exemples les plus parlants : oui à une dose de capitalisme et non à sa jonction avec les grands centres de la finance internationale.

L’influence de cette oligarchie avait atteint des sommets sous Eltsine et il fallait la restreindre. Troisièmement, Poutine va mener une guerre souterraine sans merci contre les grandes puissances pour empêcher la dépossession de la Russie de sa place en Eurasie qui regorge de pétrole et surtout de gaz. Il est arrivé à contenir les avancées américaines dans plusieurs pays et il est en passe de ruiner leurs plans et leurs visées sur les richesses de cette région.

Quatrièmement, il était hors de question, pour lui, que les revenus des hydrocarbures financent les industries étrangères par l’importation massive de voitures, de machines et d’équipements. Il a eu et maintient un objectif de relance des industries russes en profitant de la manne pétrolière. Enfin, Poutine gouvernant un vieil Etat savait qu’un Etat ne peut se défendre qu’en s’imposant sur le plan extérieur, international et en gardant son autonomie de décision.

Un tel programme ne peut être conçu et mené que par le président lui-même. Et si Ouyahia est capable de défendre cette autonomie de l’Algérie dans l’élaboration de ses orientations économiques, il doit faire vite, car il faut changer toutes les politiques sectorielles, de l’agriculture à la santé en passant par l’industrie qui ont toutes aggravé la dépendance de l’Algérie et la perte de son savoir-faire et de ses atouts. Et aucune ne poursuit un objectif d’indépendance et encore moins de sécurité nationale. Et c’est arrivé sous sa chefferie précédente avec les mêmes ministres. Soit Ouyahia a changé, soit la comparaison est sans fondement.

MOHAMED BOUHAMIDI

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