Sarkozy sort le grand jeu
Le président français est en train de mener sa plus grande bataille diplomatique depuis son arrivée à l’Elysée, en s’investissant à fond dans la crise du Proche-Orient. Profitant d’un certain relâchement de l’administration américaine, usée par tant de revers dans la région et dont le règne tire à sa fin, les dirigeants français croient avoir choisi le moment opportun pour se replacer sur la scène internationale et jouer un rôle primordial dans la résolution des conflits.
Lors de sa visite en Israël, Nicolas Sarkozy a choisi d’être offensif, en venant secouer le cocotier et presque «dicter» à ses amis israéliens la démarche à suivre : accepter l’existence d’un deuxième Etat (palestinien), avec Jérusalem comme capitale des deux Etats, arrêter la colonisation, etc. Si cette position, pour le moins audacieuse, tranche avec la partialité et dont est toujours empreinte la démarche américaine, et même européenne, il reste à convaincre tous les protagonistes et tous les acteurs régionaux de la viabilité d’une telle projection.
Les Français se disent prêts à encourager les initiatives de paix qui sont lancées tous azimuts (pourparlers indirects entre Damas et Tel-Aviv, trêve entre Israéliens et le Hamas à Gaza, accord de Doha entre les différentes factions libanaises…), et projettent déjà d’organiser une rencontre entre le président syrien et son homologue israélien à l’occasion du sommet de lancement de l’Union pour la Méditerranée, prévu le 13 juillet prochain à Paris.
C’est bien, en effet, un vrai appel à la «normalisation» des relations entre les pays arabes et l’Etat hébreu que le président français et sa diplomatie veulent lancer dans la précipitation, à travers cette initiative d’union entre les deux rives de la Méditerranée, dans laquelle Israël devrait occuper une place de choix.
Un jeu risqué, car le terrain proche-oriental reste miné, le principe de «terre contre la paix» sur laquelle est fondée l’initiative de paix arabe, étant encore loin d’être avalisé par le gouvernement israélien, l’instabilité au Liban et en Irak et la problématique iranienne menacent à tout moment d’embraser la région.
25-06-2008
Mussa Acherchour