Travaux d’Ahmed

«Increvable», «inoxydable», «insubmersible». Qu’importe finalement l’adjectif ou le superlatif journalistique pour qualifier la capacité d’Ahmed Ouyahia à durer pour servir. L’intérêt est finalement ailleurs. Il est dans sa force d’habiter sa fonction avec l’énergie d’un stakhanoviste et la méthode des hommes de dossiers. Dans le sérail politique algérien de 2008, où servir ne rime pas toujours avec labeur ordonné, il est un homme d’Etat atypique.

Il serait même un «workalcoholic» comme on en trouve rarement dans la haute administration. Plus intéressant encore, c’est la feuille de route du successeur de l’évanescent Belkhadem qui doit faire débat. Quelles sont alors les nouvelles cartes en sa possession ? Aurait-il obtenu pour autant carte blanche du président de la République qui a retissé avec lui de forts liens de confiance ? En un mot, quel chef de gouvernement sera, cette fois-ci, un Ouyahia habitué depuis 1996 au reformatage du poste ?

C’est un secret de Polichinelle, la diplomatie relève du domaine réservé du président de la République. On devine aisément par ailleurs que les dossiers sécuritaires sont du ressort de compétences et de volontés mutualisées dont le point de confluence est le ministre de l’Intérieur, homme de confiance et ami de toujours du chef de l’Etat. On n’ignore pas non plus que les problèmes de l’énergie sont également «under control» et confiés à une compétence reconnue parmi les proches du chef de l’Etat.

Ainsi posées, ces questions ne signifient nullement qu’Ahmed Ouyahia serait voué à jouer les utilités, ou à être un «deux tiers» ou un «trois quarts» de chef de gouvernement, pour paraphraser une célèbre formule. Si la diplomatie est un «dossier présidentiel» par tradition, le profil de diplomate d’Ouyahia et ses compétences éprouvées et appréciées par le président de la République, lui permettraient d’être à la fois un expert et un conseiller recherché lorsqu’il s’agira de fignoler des dossiers diplomatiques délicats. En Algérie comme ailleurs, la notion de domaine réservé est parfois relative.

Sur les questions de sécurité, les rapports de confiance et de respect entre lui et le ministre de l’Intérieur seraient de nature à renforcer des relations de bonne intelligence. Cela dit, c’est dans le domaine économique et financier que la volonté d’Ahmed Ouyahia de ne pas être un «deux tiers» de chef de gouvernement sera la plus scrutée.

Sans que cela soit un pari risqué, gageons donc que sa volonté, soulignée avec insistance par des proches, de libérer les énergies, notamment au sein du gouvernement et de l’Administration, est déjà en soi le gage qu’il ne sera pas dans le nouveau contexte politique national un «deux tiers» de chef de gouvernement. L’Algérie n’en a pas besoin.

Un chef de gouvernement auquel manquerait quelque «tiers» en termes de marge d’action serait handicapé pour «poursuivre l’application du programme du président de la République» et lancer à grande vitesse le train des réformes structurelles, toujours espérées par le pays, et, enfin, opérer cette «révolution des mentalités» qui est apparemment le leitmotiv d’Ahmed Ouyahia.

Noureddine Khelassi

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