La mode des mises à niveau

Ces jours-ci, il n’est question que de mise à niveau. De l’industrie. De l’agriculture. Des PME. De tant et tant de secteurs. Des experts montent au créneau. Des ministres qui en parlent différemment. L’un reconnaît des «oublis». Un autre se plaint de ne pas avoir «les coudées franches». Le concept de mise à niveau est dans toutes les bouches. On a l’impression d’être devant un phénomène de mode. Tout est assaisonné à la mise à niveau.

La sécurité alimentaire. La performance. La compétitivité. Les certifications type ISO sont dans l’air du temps. Tous nos maux ne viendraient que de l’absence ou du manque de niveau. Soit! Mais de quelle mise à niveau s’agit-il? De l’outil de production? Donc de la machine. De management? Donc de technique. De ressources humaines? Donc de qualification.

Mais n’a-t-on pas oublié l’essentiel? N’a-t-on pas oublié le premier maillon? Le maillon essentiel sans lequel tout le reste est voué à l’échec. N’a-t-on pas oublié la mise à niveau de l’homme dans sa structure mentale. Dans sa culture. Dans son mode de pensée. Dans la reconversion de son intelligence le plus souvent contre-productive. Dans sa réconciliation avec l’effort. L’amour du travail bien fait.

Une mise à niveau qui transformera la «banque de données» façonnée par l’école fondamentale pour un cerveau humain nourri de raisonnement, de réflexion, de culture, de création, d’innovation, de tout ce qui différentie l’être humain de la machine. De cette mise à niveau, il n’en est malheureusement pas question dans les discours de nos experts en gouvernance, en sécurité alimentaire et autre science du développement.

Malheureusement, en effet, car aucune machine, aucune technique, aucun concept aussi révolutionnaires soient-ils ne peuvent sauver à eux seuls un pays. C’est l’homme qui est aux commandes de la machine et non l’inverse. On le voit dans l’immense problème que pose la maintenance. Dès qu’une machine dépasse son seuil de garantie, son fonctionnement devient des plus aléatoires. Comme seul recours, nous n’avons que le système D et le bricolage.

Et tant que la mise à niveau de l’homme ne sera pas à l’ordre du jour dans notre pays, il n’y a aucun salut à attendre. Une mise à niveau qui implique le système éducatif à tous les paliers. Une vraie politique culturelle qui ne se laisse pas confondre avec l’agitation folklorique. Une politique de la famille plus concrète que les discours de circonstance.

La mise en avant de la sanction positive qui redonne le goût de l’effort. L’obligation de résultats pour tout poste de responsabilité. Donner une fois pour toutes la primauté à la compétence sur tout autre forme d’«équilibre». Etc. etc.

A défaut de commencer le travail pour remettre l’homme sur son piédestal, il ne nous restera plus qu’à attendre le jour où un de nos responsables reconnaîtra «en toute humilité avoir oublié» de le faire. Ce sera peut-être courageux mais non moins condamnable.

Zouhir MEBARKI

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