L’ANNONCE EUROPÉENNE DU PILLAGE NÉO-COLONIAL

Madame Ferrero Waldner s’est exprimée directement après le communiqué de presse annonçant l’accord de principe d’une coopération intensifiée avec Israël. Elle confirme le démarrage du processus de négociation, c’est-à-dire le passage aux détails dont elle ne veut pas parler. «Nous sommes au début du processus, il est trop tôt pour parler de détails», ajoute-t-elle.

Nous n’avons pas besoin de détails, pourrions-nous répondre, il nous suffit de savoir, une fois de plus, que l’Union européenne parle d’une marchandise, l’Union pour la Méditerranée, en nous refilant une autre, tout à fait différente.

Au plan de la composante politique et au plan des objectifs réels. Nous apprenons maintenant que les 27 seront en réalité 28 avec Israël qui aura retenu avec les commissaires les questions et les termes du débat qu’il fera mine de discuter en tant que pays du Sud.

Comment discuter sincèrement avec des pays qui auront ensemble fixé des objectifs et qui se présentent séparément autour de la table ? Démarche dolosive qui annule en droit la transaction mais qui peut parler de droit dans les relations internationales. Madame Ferrero Waldner est cette dame qui est venue en Algérie, au nom de l’Union européenne, pour nous dire, sans sourciller, que nous devrions nous concentrer sur la sécurité énergétique et la fourniture du gaz à l’Europe.

Devant d’éminents membres du gouvernement algérien tous fiers d’être hissés au statut important de gardiens des intérêts de l’Europe. Toute autre ambition que celle de supplétifs serait démesurée pour nos pauvres petites têtes. Tout le reste est à l’avenant. Chaque fois qu’un ministre européen met les pieds sur notre sol, il vient signer un accord de coopération sécuritaire.

Cela veut tout dire sur leur seule préoccupation. La fierté de nos ministres à se croire élevés à la dignité d’égaux des Européens devrait sérieusement nous alarmer. Comment fermer les yeux devant des objectifs aussi clairement annoncés que notre Etat ne peut prétendre qu’au rôle de garde-frontière et de fournisseur d’énergie.

La vérité est que l’Union européenne est forte de la profonde influence qu’elle a exercée sur les orientations économiques du gouvernement algérien : rejet de l’idée d’une stratégie nationale industrielle avant d’y revenir d’une façon biaisée et toujours sans concertation sérieuse avec les acteurs sociaux et économiques du pays, Direction de l’agriculture vers des productions spéculatives avec l’abandon des cultures stratégiques et de nos savoir-faire dans la reproduction de semences, etc., importation de convictions économiques quasi religieuses sur le secteur public et sur la privatisation…

L’Union européenne pense qu’elle peut maintenant réaliser les gains de ses «investissements» politiques et idéologiques dans notre pays et faire passer notre Etat à un statut «d’Etat vassal, d’Etat aux ordres et faire main basse sur notre pétrole, notre gaz, ou du moins sur leurs revenus.

Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas, personne ne pourra dire que l’Union européenne a caché réellement son jeu et personne ne pourra dire que le vrai but de cette union est de garantir la domination du Nord sur le Sud et de remplacer le pillage colonial par le pillage néocolonial.

Personne ne pourra dire, non plus, qu’il ne savait pas que des forces politiques et des groupes sociaux en Algérie ont tout intérêt à nous mettre sous la coupe d’une Union européenne ultralibérale parce qu’ils gagnent. Au détriment du pays et de larges fractions du peuple. Non, personne ne pourra dire qu’il ne savait pas.

MOHAMED BOUHAMIDI

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