Quelles perspectives ?
Il y a la conjonction de trois évènements. D’abord, les attentats. Ensuite, les appréciations négatives formulées sous le patronage du très officiel Sénat. Enfin, le silence assourdissant sur la révision de la Constitution.
Cette conjonction va-t-elle fournir les axes directeurs de réflexion autour desquels auront à s’articuler les débats entre décideurs relativement aux choix majeurs à faire pour ce qui concerne à la fois les hommes, les options et les espaces géopolitiques d’arrimage à déterminer en perspective de l’après-2009 ?
Il s’ensuivrait alors la reformulation des approches traditionnelles du fait de l’intégration du constat selon lequel les thérapies mises en application depuis seize années n’ont pas permis de lever tout à fait les incertitudes sécuritaires dans un contexte d’étendue du champ des menaces et de leur diversification, d’inadaptation des parades matérielles et immatérielles et d’absence de perspectives pour ce qui concerne la lecture de l’avenir par les jeunes.
D’autre part, le champ politique tel que celui-ci est structuré ne fait pas des partis politiques des facteurs d’apaisement, de médiation, et livre les populations aux forces centrifuges non contrôlées et autonomes par rapport aux partis politiques, aux institutions et à un mouvement associatif sans âme.
Il reste à conjurer que toutes ces manifestations de mécontentement, dont celles qui peuvent mettre en péril la cohésion nationale, donc l’espace naturel de défense, et ainsi augmenter les vulnérabilités de la sécurité nationale, trouvent les conditions de leur coordination par les forces de la subversion qui font de l’anarchie et de l’extrême violence le point de départ de leur stratégie.
Nous sommes dans un contexte où la problématique de sécurité n’est plus exclusivement liée aux clivages idéologiques internes et externes, lesquels cependant créent l’environnement favorable au développement de toutes les autres criminalités qui se structurent dont la plus structurante est la corruption, celle qui crée et aggrave la fracture morale, celle-ci devenant synonyme de résignation devant sa généralisation avec pour risque évident la dévalorisation de la citoyenneté et la mise des populations dans une situation de «non concernée».
Dans ces conditions, aucune élection ne conférera la légitimité nécessaire à la restauration de la confiance en les institutions, vidant ainsi l’Etat de sa substance et enlevant également tout son sens à la soumission des populations à l’autorité. Cette soumission sera d’autant impossible que la situation d’insécurité dépasse, par sa durée, le seuil de sa qualification de conjoncture.
14-06-2008
Sofiane Idjissa