L’Afrique aux Africains
Vendredi dernier, le secrétaire d’Etat américain à la Défense Robert Gates avouait l’échec des Etats-Unis à loger en terre africaine leur Africom, le commandement militaire pour l’Afrique.
L’aveu prenait plus de consistance puisqu’il était lâché à l’issue d’une rencontre d’évaluation avec le général William Ward, le commandant en titre de l’Africom.
On avait entendu dire ces dernières années qu’il arrivait aux Américains de s’interroger sur les raisons qui faisaient qu’à l’étranger on ne les aime pas comme ils l’attendent ? Cette fois encore, les Américains se trouvent poussés à chercher les raisons qui incitent la nécessiteuse mais néanmoins hospitalière Afrique à refuser d’accueillir l’Africom. Une organisation conçue pour combattre les difficultés en Afrique, disent les Américains, pour en produire plus au continent, craignent les Africains.
Des craintes plutôt légitimes quand on voit le pacifisme américain s’exprimer à Guantanamo, à Abou Ghrib en Irak ou lors des fêtes de familles en Afghanistan. Un pacifisme qui rend les Américains plus attirants au terrorisme qu’un aimant. Là où se pointent les GI’s, les copains de Ben Laden rappliquent systématiquement. Ça ne rate jamais.
N’a-t-on pas vu les terrorismes maghrébins revêtir illico presto les socquettes orientales dès qu’ils ont senti l’odeur militaire américaine se répandre dans le Sahel ? Une présence encombrante puisque, pour l’opinion maghrébine en général, les Américains sont les protecteurs d’Israël, l’Etat usurpateur qui assassine les Palestiniens et les empêche de revenir chez eux après les avoir chassés de leurs propriétés il y a 60 ans. Mais, dans le continent brun, l’Africom n’est pas rejeté par les seuls pays arabes ou à dominante musulmane.
Le commandement américain ne trouve pas d’oreilles attentives, y compris chez les oppositions locales. Le colonel Hassen Fagaga, l’un des chefs de la rébellion touareg du Nord malien, ne considérait-il pas, récemment, l’Africom comme «une menace pour la stabilité de la région» ?
Et puis, ne pense-t-on pas que la présence des évangéliques, ces intrus à problèmes, complique suffisamment les choses et que si jamais on décidait de leur additionner celle des marines, cela risquerait de nous créer une situation plus ricanante que la ceinture d’un kamikaze en chemin pour le paradis ? Mais rien n’est peut-être perdu avec l’histoire de l’UPM.
Sarkozy, qui est un bon ami des Américains, pourrait très bien aider à concilier entre l’union pour la Méditerranée et l’Africom. L’UE ne peut pas à elle seule assurer la sécurité en Méditerranée, avait lancé au début de la décennie un amiral américain de passage chez nous à… Mers El-Kébir.
Mohamed Zaâf