Les Arabes plus réticents que jamais
Dans quelles mesures pourrions-nous dire que le «guide» libyen a résumé les positions des pays arabes qui se sont réunis à Tripoli ? Le fait qu’il n’y ait as eu de communiqué commun portant sur les résolutions du mini-sommet arabe signifie que les autres chefs d’Etat ne s’estiment pas engagés par le contenu du discours libyen. Quels sont les principaux obstacles à l’adhésion à l’UPM formulées par El Khadhafi ?
D’abord, celui-ci reproche au projet d’avoir inclus l’Union européenne dans sa totalité et de ne prendre en compte, pour ce qui concerne le monde arabe et l’Union africaine, que les pays méditerranéens. Il y voit une entreprise de division dans les rangs arabes et africains. Cependant, le guide libyen fait l’impasse sur le fait que justement les pays arabes sont divisés, que le monde arabe est plus que jamais une fiction, lui-même ayant déjà laissé entendre qu’il préférait désormais se tourner vers l’Afrique, qu’également les pays africains sont divisés, et que l’Union africaine est de toute évidence une fiction, encore plus pour ce qui concerne les Etats-Unis d’Afrique qui est une idée libyenne.
Il faut bien convenir que l’Union européenne est une réalité, en tout cas une réalité plus que la Ligue arabe ou l’Union africaine.
Comparaison n’est donc pas raison. Serait-ce alors que le principal obstacle demeure la présence d’Israël ?
Raison de conviction ou de consommation intérieure ? On voit mal l’Egypte refuser de s’asseoir à la même table avec Israël au sein de l’union alors que les deux Etats en sont à des relatons diplomatiques bilatérales normales comme il s’en établit, et même plus, entre Etats qui se reconnaissent mutuellement.
Il en est de même pour ce qui concerne la Mauritanie. Le Maroc et la Tunisie ne sont pas vraiment très loin d’établir des relations diplomatiques avec Israël. Si les pays arabes n’étaient pas tant divisés, ils n’auraient pas eu besoin de recourir à un mini-sommet à Tripoli pour se concerter sur la position ou les positions à prendre à l’égard du projet de Sarkozy. Gageons qu’à l’issue de toutes les concertations, il n’y aura pas encore des positions communes qui s’en dégageraient entre tous les pays arabes.
12-06-2008
Sofiane Idjissa