Un cran au-dessus

Il n’y aura jamais assez de mots durs dans toutes les langues, vivantes ou mortes, écrites ou orales, présentes ou oubliées pour dire la répugnance que peut inspirer le cynisme déclaré, affiché, ostensible d’un capitalisme triomphant qui s’est longtemps vanté d’être à visage humain, alors que son moindre rictus laisse découvrir des crocs d’hyène.

Quand ce capitalisme moderne désigne des responsables à la tête des Etats, des institutions ou des entreprises, il sait ce qu’il fait. Il choisit toujours ses représentants parmi les individus dont le profil psychologique correspond le mieux à ces prédateurs qui ont fait la loi de la jungle.

Tout le monde se souvient peut-être avec quelle détermination l’ancien Premier ministre britannique, Mme Thatcher, a affronté la grève des mineurs du Royaume-Uni, brisant ainsi le formidable élan des syndicats dont les traditions de lutte remontent au siècle de l’industrialisation. Elle brisait ainsi un consensus et ouvrait la voie à une retraite des forces syndicales. Pour son obstination et sa froideur, celle qui avait laissé mourir dix patriotes irlandais avait mérité le surnom de «dame de fer».

Son alter ego, anglo-saxon et californien, Ronald Reagan avait brisé avec la même fermeté la grève des aiguilleurs du ciel qui avaient osé revendiquer, au pays du libéralisme, des salaires plus conformes à leur dignité.

«Quand nous serons plus riches, les surplus déborderont et couleront sur vous», avait déclaré l’ancien cow-boy d’opérette, avant de licencier tout le monde et de recourir à l’armée pour faire le sale boulot.
Ces souvenirs des débuts de l’offensive capitaliste m’ont été remis en mémoire par la résurgence de M.Michel Camdessus, ex-directeur du FMI, qui était interviewé sur une chaîne d’information sur les nombreuses crises qui s’étaient abattues sur le monde grâce à la voracité des financiers et des spéculateurs en Bourse.

Celui qui venait au chevet d’un pays moribond quand l’Algérie était obligée de rééchelonner sa dette, celui qui était prodigue en conseils envers un gouvernement qui n’a pas hésité à licencier, privatiser ou fermer des entreprises, a tout simplement déclaré, pour répondre à la question relative à la crise alimentaire qui secoue le monde, que «c’est principalement dû à l’arrivée de pays émergents, comme la Chine et l’Inde dont les populations sont arrivées à un nouveau monde de consommation. Ceux qui se contentaient d’un bol de riz, mangent maintenant de la viande».

On se croirait revenir au temps de Malthus! Ainsi, on est tenté de comprendre que tout doit continuer comme au temps où les famines décimaient les populations d’Asie et d’Afrique. Aucune critique sur la distribution injuste des richesses.

M.Camdessus semble trouver normal que les pays développés continuent à développer un mode de consommation qui produit de plus en plus d’obèses. N’est-il pas plus juste, plus écologique de demander à ceux qui polluent l’atmosphère par une consommation effrénée d’hydrocarbures, à ceux qui s’empiffrent toute la journée dans les fast-foods, de serrer de quelques crans une ceinture qu’ils ont perdu l’habitude de porter puisqu’ils se sont mis aux bretelles?

Quant aux pays d’Afrique et d’Asie, ils ont serré la ceinture trop longtemps et les peuples qui ont trouvé des régimes favorables à leur prospérité ne peuvent que prendre sans état d’âme la part du gâteau qui leur revient.

Selim M’SILI

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