Un colloque pour la joie !

On aura tout vu : des Algériens qui passent pour des spécialisés en dérangement cervicaux conseillent à une nation formée de musulmans, renforcée par des légions d’évangéliques, de revenir au plus vieux métier du monde. Un métier qui, à coup sûr, est antérieur à l’islam et qui, à l’instar du rire, serait propre à la femme.

Dans ces milieux d’experts, on semble désormais penser que la prostitution est mieux placée que la musique pour adoucir les mœurs et que cette dernière n’est qu’une vilaine usurpatrice. Quand on entend ces experts discourir, on serait prêt à croire que la prostitution est la réponse du siècle aux problèmes du chômage, des frustrations et du mal-vivre. Lâchons les pécheresses et elles nous régleront mieux que les meilleurs programmes de développement le problème des harraga, de la drogue, des détournements, de la corruption, des kidnappings et, pourquoi pas à la longue, de la traite… des blanches.

Ainsi, il s’en trouve parmi nos psychiatres des nostalgiques de l’époque des années 1960/70, le temps qu’ils prétendent faste de la prostitution, l’un des «bienfaits» hérités du colonialisme français. Or, quand on revient aux années 1960/70, la réalité du moment disait que les mariages étaient contractés quotidiennement, y compris les jours de shabbat, et qu’on n’arrêtait pas de faire la fête à travers l’ensemble du territoire national.

Il est vrai qu’aujourd’hui, il y aurait moins de harraga, moins de drogués, moins de violence, moins d’armes, moins de délits si les jeunes pouvaient se marier, se sédentariser, se stabiliser. «Au lieu d’encourager les maisons closes, il faut plutôt aider les jeunes à se marier», disait à ce sujet Cheikh Bouamrane, le président du Haut conseil islamique. Un raisonnement qui, dans sa simplicité, contient une sagesse malheureusement absente du colloque proprostitution. Un colloque où des bien-pensants bardés de diplômes font la promotion de la… débauche organisée.

Dans l’Algérie de 2008, on glorifie les bienfaits d’une activité que l’islam classe parmi les kabaïrs (grands péchés). Des gens trouvent que pécher, c’est bénéfique aussi bien pour l’aspect moral que pour celui de l’hygiène. Possible qu’ils aient après tout raison. Mais, dans ce cas, comment faire pour ne pas frustrer les femelles algériennes et pour préserver l’égalité des sexes ?

Faut-il innover et renverser la vapeur en lançant, cette fois, des maisons closes réservées à des ouvriers mâles pour vendre à un tarif syndical des instants de plaisir à celles qui auront de quoi payer ? Et puis, pourquoi se limite-t-on à vanter en théorie les maisons closes ? «Charité bien ordonnée commence par soi-même», dit le proverbe. Qu’on ouvre donc le beau commerce chez soi d’abord ! Cela servira au moins à mieux convaincre !

Mohamed Zaâf

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