Le temps des incertitudes

Oran brûle! Oran a brûlé! Pour le football? Certes, le Mouloudia d’Oran est un club mythique, admiré, voire adulé, pas seulement par les Oranais, mais par tous les Algériens. Et l’exemplarité de son parcours parmi l’élite du football national est suffisamment unique pour en rajouter ici.

Aussi, ce qui lui arrive est triste. Cela justifie-t-il pour autant les émeutes qui ont marqué la grande métropole de l’Ouest durant ces derniers jours? Sûrement pas, d’autant plus que de telles violences sont condamnables, quel qu’en soit le motif. En revanche, sous-jacentes, apparaissent les raisons ayant déclenché le trop-plein de colère induit par la mal-vie et le chômage, nonobstant les manipulations dont ont pu faire l’objet des jeunes - sans doute déçus par la déchéance de leur club favori - qui ont trouvé un exutoire dans la violence qui a mis à mal la ville d’Oran.

En réalité, le feu couvait sous la cendre et la relégation en division inférieure du club-phare de la ville d’Oran n’a été que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Les émeutes, qui ont émaillé de nombreuses villes ces derniers mois, notamment celles survenues à Gdyel, dans la banlieue d’Oran, avaient donné le ton au réel malaise social ressenti par la population alors que le fossé social ne cessait de se creuser. Aux côtés de richesses ostentatoires, le cercle de la pauvreté s’élargit de jour en jour.

Les émeutes exprimaient d’abord le ras-le-bol et l’impuissance où se sont trouvés des pans entiers de la société du jour au lendemain, devenus incapables en 2008 de subvenir à leurs besoins. Face à ces appels au secours, des jeunes notamment, exprimés par des émeutes, le gouvernement s’est complu dans une politique de colmatages et dans un attentisme qui n’ont eu que peu d’effets sur la situation.

Une politique de colmatage qui a marqué ses limites, traduisant surtout l’autisme des pouvoirs publics devant les problèmes auxquels se heurte la société. Les grandes villes du pays, Oran notamment, ont été le déversoir, ces dernières années, des milliers de personnes venant des profondeurs du pays à la recherche d’un travail et d’une vie plus digne.

Ainsi, des centaines de villages et hameaux du pays ont été désertés par leurs habitants, justement par le fait qu’ils n’offrent plus les conditions de vie minimum. Ce dont les manifestants ont tenté d’en faire prendre conscience à des autorités publiques demeurées sourdes à leurs appels.

Des ministres hier, envoyés pour éteindre le feu, un repêchage sportif aujourd’hui (et encore hier, cf; le cas de Bousaâda en 2007), dénotent le grave dysfonctionnement des services de la République.

Or, quand l’eau vient à manquer, lorsque des quartiers ne connaissent pas l’électricité, quand les rues ne sont pas goudronnées, les services inexistants de l’Etat (postes, téléphones…) - des efforts gigantesques ont pourtant été fournis ces dernières années - quand la cherté de la vie lamine les petites bourses, quand les portes demeurent fermées aux appels au secours, reste alors l’émeute comme ultime tentative de se faire entendre. C’est ce désespoir que traduisent des émeutes devenues cycliques, qui se répètent de ville en village à travers le pays…

N. KRIM

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