Mais en mai…
Pourquoi le mois de mai paraît-il culturellement riche ? Est-ce un effet de l’apothéose du printemps qui vient titiller les sens et l’esprit ? Est-ce pour une raison moins poétique ? Parce que ce n’est plus le temps des bilans pour les entreprises.
Pas encore celui des compositions et examens. Pas celui de la rentrée et de ses crispations, ni celui des congés et de leurs éloignements ? Ou est-ce seulement une illusion ? A savoir. En tout cas, en Algérie comme ailleurs, si c’en est une, elle est bien forte. A cette effervescence, participe certainement le Festival culturel européen, devenu un rendez-vous fidèle avec son lot de découvertes, parfois très heureuses, parfois mièvres aussi, et un engouement marqué des publics.
L’Europe étant assez grande et l’Algérie assez vaste, cette 9e édition sort un peu d’Alger et c’est tant mieux. On peut regretter cependant que 2008 ayant été proclamée Année européenne du dialogue interculturel, il n’y ait pas de rencontres sur le thème. La musique sans doute adoucit les mœurs, mais est-elle suffisante pour dulcifier les esprits ?
Dans le monde entier, le Mois du Patrimoine s’est achevé le 18 mai. Prenons acte que chez nous, devenant une tradition, il n’a jamais été aussi dense en activités. L’évènement qui n’était connu que d’une poignée d’archéologues et de conservateurs, célébré en catimini et chichement, a pris une certaine étoffe. Les musées, associations et autres entités ont rivalisé d’initiatives et la volonté de « marquer le coup » a prévalu un peu partout.
Certes, la qualité ne s’est pas toujours signalée. Mais bon, pourquoi bouder des avancées quand les retards nous font rager ? Puisque tant de bonnes volontés existent déjà, elles mériteraient d’être motivées. Peut-on imaginer ici à hautes lettres que le musée le plus actif soit doté d’unpactole pour réaliser un ouvrage sur ses collections, un site internet ou tout autre projet ?
Que l’association du patrimoine la plus pertinente soit hébergée dans un local public ou récompensée par un budget d’équipement ? Que les écoles ou lycées, qui auraient effectué le plus de visites d’élèves, reçoivent une demi-tonne de livres pour leur bibliothèque ou leur distribution de prix ? Que les APC les plus soigneuses du patrimoine de leur commune, soit citées à l’honneur ?
Qu’enfin - pourquoi nous en exclure ? - les médias les mieux disant soient distingués ? Pour que le Mois du Patrimoine puisse prendre sens toute l’année, il faut aussi que ceux qui le défendent se sentent reconnus. Pardon ? Que dites-vous ? Oui, bien sûr, cela pourrait s’appliquer à bien des secteurs. Sinon tous. Pour paraphraser Slim Belkessam, notre confrère de la radio et champion de l’écologie, il y a toujours un « mai »…
Ameziane Ferhani
