Rivalités ancestrales : l’autre menace
La violence urbaine de Berriane a repris, après une première explosion qu’on a crue définitivement éteinte. Cette fois, on craint le pire, puisqu’il s’agit d’une bavure policière. Cela rappelle les événements de Kabylie de 2001, dont l’étincelle avait été provoquée par un acte similaire.
Les autorités ont beau réagir à temps pour expliquer les circonstances dans lesquelles s’est déroulé le drame qui a coûté la vie à un jeune homme, et justifier la conduite de l’agent «en situation de légitime défense», mais cela n’a pas aidé à éteindre la mèche.
Lorsque, dans une région multi-ethnique comme Berriane, les frustrations sociales viennent à se greffer à des rivalités ancestrales entre Mozabites et Chaâmbas – une réalité que le discours officiel se refuse, du reste, à prendre en compte –, il faut penser à appréhender les problèmes autrement, et surtout à impliquer d’autres acteurs de l’Etat et de la société, et à chercher le fond du malaise endémique.
Car, et on en déjà eu l’expérience à Chlef, il y a quelques semaines, il est établi que la solution strictement sécuritaire n’est pas la solution appropriée à ce type de crises.
C’est dire que ces événements viennent de relancer les interrogations sur les origines et le traitement de ces explosions sociales récurrentes dans notre pays. Il y a bien évidemment la nécessité d’un dialogue social permanent, en réactivant notamment le rôle de la société civile et, pourquoi pas aussi, de la classe politique.
A Berriane, par exemple, l’absence d’un discours réconciliateur ne fera qu’aggraver la fracture entre les deux communautés berbérophone et arabophone. La dernière fois, des affrontements sanglants ont éclaté à cause d’une banale histoire de «pétard».
Ceci illustre à la fois l’extrême fragilité des liens sociaux, et l’extrême vulnérabilité d’un Etat qui ne sait pas toujours prévenir les événements, pour mieux les juguler et détecter les failles.
18-05-2008
Mussa Acherchour