ET QUE TOUT LE MONDE PARLE !
«Remaniement ministériel. Un seul poste ne devrait pas connaître de changement. Mais lequel ?»
Le mystère demeure total…
Je ne sais pas si Mouloud Djaziri, l’ex P-dg d’Algérie Télécom, lourdé comme un mouchoir sale l’autre jour, dit vrai lorsqu’il affirme que son limogeage «est dû au fait qu’il n’a pas voulu honorer des factures douteuses ».
N’ayant aucun élément concret sur cet aspect-là, je ne peux m’avancer. Par contre, je trouve profondément, immensément et intensément jouissif d’entendre un cadre, un responsable algérien refuser de se la boucler après son dégommage.
C’est comme une bouffée d’air pur cette propension à vouloir parler, à parler et à re-parler. Au début, on se dit «encore un mec qui se fait jeter et qui va rentrer chez lui, la queue entre les jambes et le portable aux aguets».
Et là, non ! Le gars ne se contente pas de rentrer chez lui en silence. Il gueule. Il crie. Il argumente. Il signe ses déclarations fracassantes. Il les contresigne. Et ce tintouin fait zinzin dans la machine. Y a des rouages qui grincent. Y a des gongs qui sautent. Y a des poignées de porte qui cassent.
Et y a des gouttes de sueur qui perlent sur les fronts et dans la raie. J’adore ces moments où le dispositif de veille autocratique et cooptatif est pris en défaut, mis à mal. Une des règles du jeu, celle du silence résigné a été transgressée.
Et c’est tout l’édifice qui se regarde, gêné, perturbé, pas encore ébranlé, mais passablement irrité tout de même. Comment ? Pour qui se prend-il ce Mouloud ? Qui l’a autorisé à parler ? Ne sait-il pas qu’il se condamne définitivement à ne plus emprunter l’ascenseur du régime ?
Ben, je crois bien que oui ! Il doit en avoir conscience. Mais malgré cela, Mouloud parle ! Un vrai moulin à paroles assassines et foudroyantes. Et plus Mouloud parle, plus je me dis que le bavardage n’est pas forcément un défaut.
Alors, et pour reprendre une pub de … Mobilis : ET QUE TOUT LE MONDE PARLE ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Hakim Laâlam
