A vos chronos !

D’après vous, combien faut-il de temps pour lire cette chronique ? La question vaut son pesant de science depuis que l’on sait que la moyenne de lecture dans le monde arabe est de 6 minutes par an, selon de récentes statistiques de l’Unesco et de l’Alesco, rapportées fin avril à Alger par le représentant de l’Union du Maghreb Arabe.

Bref, le livre en nos contrées se porte aussi bien que ladite Union, pourtant tant espérée. Combien y a-t-il de minutes dans une année ? Eh bien 525.600, selon des calculs validés par la NASA. Cela semble peu au regard de la pénurie de temps qui affecte toujours les humains. En enlevant un tiers réglementaire de sommeil, le temps de lecture moyen dans le monde arabe représente donc 0,001% du quantum temporel annuel éveillé !

Avec 36 heures de lecture par an — finalement à peine une journée et demie —, les Occidentaux alignent 0,01% pour le même ratio. Vue comme ça, la différence semble insignifiante. Mais les Arabes, qui ont inventé le zéro, connaissent son importance à la virgule près.

Et, en l’occurrence, ce zéro de différence vaut bien le point de la boutade qui affirmait, en se basant sur la calligraphie arabe quasi-identique des deux mots, qu’entre « el Arab (les Arabes) et el Gharb (l’Occident), un seul point les distinguent. Mais quel point.. ! ».

Implacables, les mêmes statistiques ajoutent que pour deux livres parus dans le monde arabe, ce sont cent qui sortent en Occident avec un titre pour 5.000 personnes. Ce qu’il y a de terrible dans cette affaire, c’est que les Arabes achètent à tour de bras la technologie occidentale — mais aussi asiatique — de l’image et de la télécommunication. Ils se donnent ainsi l’illusion de rattraper leur retard quand l’Occident, aussi friand de nouveautés, se garde bien d’abandonner le livre.

Ce qu’il y a de risible dans cette affaire, c’est que la technologie ne peut exister sans les livres qui servent encore à former ceux qui la conçoivent et la réalisent. Le syndrome andalou-lacrymal des Arabes sur leur passé prestigieux de savoir et de connaissances demeure bien impuissant à leur faire remonter la pente des siècles qui a pris une inclinaison vertigineuse avec la décadence d’un côté et la renaissance de l’autre.

Reconstruire symboliquement l’Andalousie ne peut s’envisager qu’en édifiant des bibliothèques et en encourageant la lecture, la recherche, la littérature et toutes les expressions écrites. Mais bon, n’abusons pas car cette chronique de 2800 signes, espaces compris, nécessite environ deux minutes de lecture.

Il ne vous reste donc plus que 4 minutes à lire pour les douze mois à venir, soit 20 secondes par mois ! Avec cette faible provision, vous avez intérêt à bien choisir vos prochaines lectures. Mais les choisir déjà absorbe du temps. Top, c’est parti ! Oui, sans nous.

Ameziane Ferhani

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