Il faut « demain » pour applaudir
Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem ont plein de projets pour les Algériens et, d’une certaine façon, cela fait plaisir à entendre. Réformes, baisse des impôts, nouvelles mesures de générosité, salaires en hausse, logements et crédits bancaires pour tout le monde.
Ces projets, censés démarrer au lendemain matin des élections vers 7 h à l’ouverture de tous les bureaux du pays, dessinent des lendemains qui chantent, version rétro pour le FLN, techno pour le RND. On peut bien sûr se demander pourquoi ils n’ont pas fait tout ça avant.
Pourquoi Ouyahia parle-t-il d’augmenter les salaires alors que sous son règne, il a au contraire ponctionné les travailleurs et mis leurs cadres en prison et qu’il a fallu attendre Belkhadem pour obtenir des augmentations sectorielles ? Pourquoi Ouyahia promet-il de réintégrer les Patriotes dans les corps de sécurité alors qu’il ne l’a pas fait quand il était chef du gouvernement ?
Quant à Abdelaziz Belkhadem, dont tout le monde oublie qu’il est chef du gouvernement, il a été beaucoup plus simple. Il a calmement expliqué que « celui qui voulait la stabilité devait voter pour le FLN ». Est-ce de la stabilité actuelle dont il parle, c’est-à-dire avec le maintien de l’état d’urgence et l’interdiction des réunions et manifestations autres que celles parrainées par le FLN ?
Est-ce cette stabilité des atteintes répétées aux libertés et au droit de grève ? Belkhadem a peut-être raison, on ne change pas une équipe qui perd. Les logements promis n’ont pas été construits, le chômage n’a pas réellement baissé contrairement à l’indice de corruption et les kamikazes circulent à Alger en Clio. Mais c’est de la politique et ça marche comme ça. On juge un élu sur sa capacité à faire des promesses et un électeur sur sa capacité à les croire. Sauf que dans le cas de ces deux chefs de gouvernement, ils n’ont jamais été élus.
Chawki Amari