L’otage

La question de l’UMA (Union du Maghreb arabe), plus précisément son existence réelle, s’est posée ces dernières semaines avec une certaine acuité. Ainsi en a-t-il été question lors du sommet Inde-Afrique, et, depuis peu, dans le débat autour du projet d’union méditerranéenne envisagé par le chef de l’Etat français. De quelle manière faut-il en parler ?

Toute la question est là depuis que l’institution mise sur pied en 1989 a été relancée en 2001, après un gel de fait, même si la demande marocaine, en ce sens adressée de la manière la plus officielle en décembre 1995 à l’Algérie qui en assurait la présidence tournante, avait été fermement rejetée par les autres membres. Une aberration, disait-on à l’époque, car aucun Etat n’avait le droit ou était habilité à geler le fonctionnement de cette jeune institution. Mais il est très vite apparu que la relance en question devenait improbable, sinon impossible, pour au moins deux raisons.

La première est d’ordre structurel avec la règle du consensus, et la seconde est tout simplement politique puisque le Maroc a recouru et même abusé de cette règle de fonctionnement pour recourir au chantage et prendre en otage toute l’institution. Ses ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères faisaient valoir dès 2002 qu’il n’y aura pas de relance de l’UMA, sans, disaient-ils, la normalisation des relations de leur pays avec l’Algérie, tout en spécifiant que cette dernière ne peut voir le jour sans le règlement de la question du Sahara occidental.

Ultime précision, celui-ci « doit se faire dans le cadre de la souveraineté marocaine et de son intégrité territoriale ». C’est Mohamed Benaïssa qui le disait en mars 2002 à Alger, soulevant le courroux des autres délégations persuadées alors de s’être dérangées pour rien, tout en s’interrogeant, par ailleurs, sur les frontières auxquelles faisait allusion le chef de la diplomatie marocaine, car, faisait-on valoir, aucune menace ne pèse sur les frontières du royaume telles que reconnues internationalement et qu’en tout état de cause il n’était pas question de soutenir une aventure coloniale.

Il ne s’agit pas de réécrire l’histoire chaque matin selon sa propre volonté. L’UMA a été bâtie sur une évidence reconnue par le défunt souverain marocain Hassan II, en juillet 1987, c’est-à-dire, alors que les relations algéro-marocaines étaient rompues, que le conflit du Sahara occidental n’opposait pas son pays à l’Algérie. C’est ce qui a amené le Maroc à engager des négociations directes avec le Front Polisario et signer avec lui un plan de paix qui sera endossé par l’ONU en 1990. On croyait alors l’UMA, qui venait d’être créée, libérée de ces pesanteurs.

Mais voilà le Maroc qui renie ses propres engagements et tente de brouiller les esprits. Et dire que pour cela il a demandé l’aide de l’Algérie. C’est-à-dire que notre pays renonce à ses principes, au demeurant, confortés par la communauté internationale qui continue à soutenir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Le Maroc n’aura donc qu’à s’adresser à cette même communauté qui ne le traite, quant à elle, qu’en tant que puissance occupante.

T. Hocine

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