Chlef n’est pas au Maroc

Dimanche dernier, la messe fut dite sur un autre son de cloche à Chlef. La ville était le théâtre d’une mémorable révolte populaire à inscrire parmi les émeutes les plus violentes qui, depuis quelques mois, secouent petites et grandes agglomérations à travers le pays. Si les détonateurs diffèrent d’une région à l’autre, l’explosion et ses effets sont pratiquement les mêmes.

Dans le camp des «casseurs», on retrouve immanquablement des jeunes. Quand on les approche on se rend compte que ce sont des jeunes qui adorent leur pays mais qui, à l’instar de leurs aînés, exècrent les injustices et la hogra. A Chlef, la presse dans son ensemble relevait que les troubles ont eu lieu le jour où devait s’ouvrir le procès du président de la Coordination des sinistrés d’octobre 1980, M. Mohamed Yacoubi. Les «révoltés» n’étaient probablement pas contents de voir traduit devant la justice un homme qui ne fit que réclamer ce qui, à leurs yeux, leur était dû.

Toujours selon la presse, un décret presidentiel promulgué en décembre 2006 prévoyait une aide financière de l’Etat pour aider les familles à restaurer leurs chalets. Les familles reçurent 10/5 le decret mais d’argent, point ! Donc, on ne sait plus trop dans ce cas où situer la main de l’étranger. On ne sait si l’on doit l’accuser d’être la main qui a poussé les jeunes à enflammer la ville et ces édifices ou si l’on doit plutôt l’accuser d’avoir stoppé l’aide promise par l’Etat et son chef.

Mais la main de l’étranger et les saboteurs les plus diplômés auraient-ils pu parvenir à un résultat aussi «brûlant» si les engagements avaient été respectés ? Le montant des dégâts qu’on dit importants sera à coup sûr nettement plus élevé que la somme des indemnités promises. Plusieurs journaux ont comparé les émeutes de Chlef à celles d’octobre 1988, ce qui encourage à conclure que les leçons n’ont pas été convenablement tirées. Bien sûr qu’à Chlef, et nous en rendons grâce à Dieu, il n’y a pas eu les balles «doum doum» et la situation qui nous ramena un «G-18».

Mais avons-nous pour autant vraiment rétabli les passerelles rompues entre les gouvernants et les gouvernés ? Devant la multiplication des affrontements entre nos jeunes et nos forces de l’ordre on ne peut malheureusement qu’en douter. En l’absence de relais nécessaires, il n’existe pratiquement plus de communication entre gouvernants et gouvernés. Les partis, y compris le FLN, n’ont plus de présence significative dans la rue algérienne. Tous chantent la démocratie et pratiquent la dictature et le redressement. Ils ne savent plus écouter et encore moins se faire écouter.

Le monde associatif que le Président lui-même voulait efficace ? Les associations algériennes vivent la précarité, un manque de clarté, et 80 % d’entre elles disparaissent avant même de fêter le premier anniversaire de leur création, résumait le sociologue Nacer Djabi. La crédibilité des partis et des associations connaît un tel déficit qui les empêche de défendre un programme ou une idée même s’ils sont justes.

Nos jeunes ? S’ils ne considèrent pas nos policiers comme des ennemis, à l’instar de ce qui se fait chez nos voisins, ils ne rechignent pas à aller à l’affrontement. Des retrouvailles parfois douloureuses, comme cela se passe à travers le monde, mais que la jeunesse marocaine préfère dans sa sensibilité laisser aux Sahraouis.

Mohamed Zaâf

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