LE BONHEUR MESUR� !
Les sp�cialistes sont formels. L�Alg�rie va devoir faire face � une grave p�nurie de farine. �a devait bien arriver un jour. Depuis le temps qu�ils�
�nous roulent dedans !
C�est le genre de mutations qui doit s�op�rer de nuit, lorsque tout le monde dort. Sinon, je ne comprendrais pas. Je ne comprendrais pas comment le r�gime qui cadenasse, le r�gime qui appose le ballon, le r�gime qui envoie ses meutes de walis � l�assaut des journaux, le r�gime qui condamne, le r�gime qui emprisonne, le r�gime qui invente le d�lit de bons de caisse pour embastiller les plumes, ce r�gime-l�, au petit matin, d�s le premier chant du coq, d�s le premier rayon de soleil qui darde, d�s les premiers coups de klaxon et les premiers bouchons sur les routes se transforme en pouvoir soucieux de promouvoir la presse et de lui assurer un d�veloppement harmonieux.
Mes amis du syndicat ont le droit de se montrer et de se d�clarer satisfaits par ce genre de transmutations g�n�tiquement �poustouflantes. J�ai la satisfaction un peu plus difficile, un brin plus ren�clante, un chou�a plus regardante. J�ai le malheur d�avoir peut-�tre grandi un peu trop vite et de ne plus croire que Blanche-neige ait pu passer autant de nuits dans la maison des 7 nains sans avoir, au moins une fois, �veill� et mis en �moi les sens et la libido de Malicieux.
Car Dieu de Dieu ! C�est bien le gouvernement dont Boukerzaza porte la �bonne� parole qui, aujourd�hui encore, lance � tour de bras des radios locales, duplicatas insipides des nationales, photocopie en trois exemplaires d�une seule et m�me t�l�vision, mais refuse d�ouvrir le champ de l�audiovisuel � l�expression priv�e. C�est bien ce m�me gouvernement et ce m�me r�gime qui s�offre des �journaux privatifs� pour assurer la promo de son affligeant spectacle de gouvernance.
Comment et par quelle bizarre alchimie le m�me r�gime, qui censure et emprisonne, se d�couvre subitement, aujourd�hui, l�envie furieuse de faire guili-guili et risette � ceux-l� m�mes qu�il censurait et emprisonnait hier encore, il y a quelques petites heures � peine ? Mais bon, si mes amis du syndicat tiennent absolument � exprimer leur satisfaction, je ne vais pas non plus jouer au trouble-f�te. Festoyons ! Festoyons ! M�me si j�ai bien peur que �a soit nous qui figurions au menu de ce festin. Je fume du th� et je reste �veill�, le cauchemar continue.
Hakim La�lam