Pour un “printemps” plus beau

Le cycle des commémorations du Printemps berbère a été de factures versatiles. Quand plus rien ne peut soulever la chape de plomb qui, les années où elle devient trop lourde, étouffe les Algériens, c’est au 20 Avril qu’on mesure leur restant de révolte. Et ce qui reste de cohésion à cette résistance.
C’est le paradoxe des révolutions : elles inaugurent l’élan libérateur et enfante des infidélités qui les compromettent. Chaque printemps, les regards se tournent vers la Kabylie pour jauger du moral démocratique. C’est étrange : vingt-huit ans après, on peut mesurer le chemin parcouru dans le sens de la libération politique et identitaire de l’Algérien, mais on peut mesurer aussi le chemin parcouru… dans le sens inverse !

La décennie dite “noire”, si elle a été noire parce que sanglante, a été une décennie de conquêtes politiques : c’est la première fois que les Algériens ont eu le droit de se prononcer sur la perspective nationale qu’ils auraient  privilégiée. L’irruption de l’islamisme, dans une société qui cherchait le moyen de sauter le carcan d’un système autoritaire avant de songer au moyen de sa propre émancipation, compromit le combat démocratique mais obligea, en pleine crise, chacun à se déterminer. L’Histoire reviendra sûrement sur les cascades de trahisons. Pour l’instant, se réédite la mystification du “un seul héros : le peuple”… réconcilié. Quoi qu’il en soit, jamais les Algériens ne se sont parlés autant qu’en cette décennie 1990, jamais les Algériens n’ont autant osé qu’en ces années-là.

Les débats, sereins, polémiques ou haineux, n’ont pas manqué. Avec le renoncement, le discours a, depuis, tant régressé.
L’actuelle décennie n’est-elle pas “noire” de répression, de reniements, d’incompétence et de corruption ? Avec toujours l’odeur de la poudre. Quand on voit le succès récent et actuel de la stratégie du compromis, il faut croire qu’en cette décennie 1990 de clarification, beaucoup de retournements attendaient, blottis en petits tas, dans leurs coins, de se manifester quand l’heure viendra de pouvoir faire valoir leur démission. Quand on pense que le FLN consentit à céder le pouvoir quand il fallait, enfin, assumer un moment historique de l’Algérie indépendante !

Comme un reflet de l’état de santé démocratique du pays, le Printemps amazigh prenait le ton de l’année politique. La décennie “noire” fut décennie de combat politique, pensait-on ; la décennie “colorée”, devait être décennie de récoltes sociales, pensa-t-on.
La Kabylie sait se sacrifier plus que de devoir pour le grands dessein nationaux, mais elle sait aussi compromettre son propre sacrifice, quand elle est tente par la culture “anciens combattants” qui, toujours, compromet les grandes causes.

Cette année, le Printemps amazigh a été célébré en détails. Des marches sur des itinéraires classiques, d’autres en sens inverse, d’autres qui les croisent. Comme en vingt-huit ans, il eut une inflation de héros, chaque parcours semble représenter le cheminement passé d’un héros ou la marche inaugurale d’une carrière en projet. Entre-temps, il y a eu le Printemps noir, une autre épopée qui se transforma, plus d’une fois, en autre opportunité.
Et un anniversaire de raté.

Le Printemps amazigh est a réinventer. Peut-être qu’il “n’en sera que plus beau”.

Mustapha Hammouche

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