Où ne va pas l’Algérie ?
Robert Mugabe, président du Zimbabwe, brigue un 6e mandat. Zine El Abidine, président de la Tunisie, brigue un 5e mandat. El Kaddafi veut placer son fils à sa succession, tout comme Moubarak. Les mauvais exemples de gouvernance en Afrique sont nombreux, même si par ailleurs il y en a de bons. L’Algérie est-elle africaine, arabe ou méditerranéenne ?
Quel est le modèle qu’elle a choisi ? On serait tenté de dire aucun. Au jour d’aujourd’hui, l’Algérie est un mélange malhabile d’autocratie africaine féodale teintée d’un nationalisme arabe de type militariste et saupoudrée d’un islamisme replié en origami, servant avant tout à contenter un consensus basé sur le partage de la rente et la flatterie des instincts les moins progressistes. L’Algérie a-t-elle un modèle en tête ?
Non. L’Algérie a-t-elle une tête ? Oui, au sommet de la hiérarchie, par la présence d’un pouvoir présidentiel très fort. Pourquoi alors la tête ne se définit-elle pas en annonçant le modèle qu’elle a choisi ? Parce qu’elle n’a pas choisi. Frileuse, l’Algérie a depuis longtemps décidé de ne pas décider. Historiquement, la dernière décision date de 1954, lorsqu’une poignée de militants s’est levée pour reconquérir son pays et en faire une contrée libre, juste, égalitariste et généreuse.
La suite, tout le monde la connaît. L’indépendance acquise, il s’est agi ensuite de ne pas faire de choix mais de se regrouper en blocs, d’assassiner les déviants, de torturer les récalcitrants et s’assurer que le pays marche vers un progrès théorique, même en écrasant quelques chats sauvages au passage.
Le modèle est pourtant évident ; aux dernières nouvelles, il n’y a pas de harraga vers la Syrie, le Gabon ou le Sri Lanka. Ce n’est donc pas dans cette direction qu’il faut aller. Où ? Prenez un jeune, demandez-lui où il veut aller. Prenez un vieux, demandez-lui pourquoi il a raté sa vie.
Chawki Amari