L’Etat, le béton et l’amateurisme

On peut dire, aujourd’hui, que le président Bouteflika dès son arrivée au pouvoir avait déja une vision claire des capacités nationales. Une vision si claire qu’il n’hésitat pas à l’époque et à la surprise générale, de faire appel aux Chinois en même temps qu’il lançait l’ambitieuse formule de la location-vente. C’était en 2001, soit à la deuxième année de son premier mandat.

D’ailleurs de tous les couacs rencontrés (retards de chantier, montage financier, gestion immobilière, etc.) par la formule depuis, les Chinois n’ont été ni de près ni de loin responsables de quoi que ce soit. Ils ont si bien démontré leurs performances qu’ils se sont vu confier d’autres projets plus importants. Même le privé fait appel à eux.

La crise des matériaux de construction que vit actuellement le bâtiment confirme toute la justesse de cette vision. Il y a d’abord «l’amateurisme des entreprises algériennes» que dénonce à juste titre le ministre de l’Habitat. Des entreprises qui s’approvisionnent «comme une ménagère» en ciment par sac au lieu de se doter d’une centrale à béton. On peut y ajouter la méthode de coffrage qui date de Mathusalem. On peut aussi y ajouter la poulie pour la manutention à l’ère du monte-charge. Et on en passe.

A toutes ces méthodes de petits maçons qui veulent, comme la grenouille de la fable, se faire plus gros que…l’entreprise, s’ajoute l’incapacité de l’Etat à jouer pleinement son rôle de contrôle. Sinon, comment expliquer que plusieurs cimenteries puissent fermer en même temps, comme viennent de nous l’apprendre les participants au débat sur la question organisé par El Moudjahid, mercredi dernier?

Pour toute réponse, le président du directoire responsable des cimenteries d’Algérie argue que «ce sont là des arrêts obligatoires au titre de la maintenance». Alors que personne ne conteste la nécessité de la maintenance et des arrêts qu’elle implique. Le problème est que ces arrêts doivent être organisés, planifiés, ordonnés, agencés, disciplinés…sous l’autorité de l’Etat. Faute de quoi le secteur peut être paralysé et tomber sous le diktat de la spéculation. C’est ce qui est arrivé.

Quand l’amateurisme gangrène tous les niveaux -et le maçon et le commis de l’Etat-, les chances de réaliser l’ambitieux programme du million de logements relèvent plutôt du miracle.

On se rappelle la boutade qui circulait un temps dans notre pays et qui suggérait de recourir aux Chinois pour gérer nos affaires publiques. A défaut d’en pleurer, par dignité, il ne nous reste que d’en rire…jaune.

Zouhir MEBARKI

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