«Liberté pour l’Irak», disaient-ils
Peu à peu la lumière commence à se faire jour sur les circonstances de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine le 20 mars 2003. Il y a tout juste cinq ans. Qui pouvait mieux dire que les Américains et singulièrement le bras armé de l’administration américaine -le Pentagone- les tenants et aboutissants d’une guerre que rien, absolument rien, ne justifiait?
La veille, encore, de ce fameux 20 mars, l’alors secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, martelait devant le Conseil de sécurité de l’ONU que l’Irak, par sa détention d’armes de destruction massive (ADM), ses liens avec Al Qaîda et le terrorisme islamiste, jusqu’à la suspicion d’une éventuelle aide à l’attaque contre le World Trade Center de New York, constituait un grave danger pour la stabilité et la paix dans le monde. L’Irak! Voilà l’ennemi public mondial numéro Un, affirmait alors l’administration Bush.
Le 1er mai 2003, le président américain, George Walker Bush, affirmait, tout faraud, que la guerre est finie. Cinq ans après, la guerre est toujours là, qui a fait des dizaines de milliers de victimes parmi la population irakienne, outre les 4000 soldats américains morts au combat. Or, mercredi dernier, à la veille de ce sanglant anniversaire - qui a détruit un pays et divisé son peuple - une étude du Pentagone, ministère américain de la Défense, admet qu’il n’y a aucun lien entre le régime de Saddam Hussein et Al Qaîda.
Alors que l’étude devait être rendue publique, le Pentagone, bizarrement, a reporté la communication qu’il devait faire sur ce rapport qui remettait quelque peu les choses à l’endroit, même si le mal est déjà fait, que l’Irak n’est plus que ruine et menacé de partition. Pourquoi cette marche arrière alors que ce n’était, tout au plus, qu’une confirmation de ce qui n’était plus en fait qu’un secret de polichinelle? Personne dans l’entourage du Pentagone n’a pu dire les raisons de ce recul.
Or, toute la stratégie de l’administration Bush était alors fondée sur ces supposés liens entre la nébuleuse islamiste d’Oussama Ben Laden et le régime baasiste irakien. Avant le rapport du Pentagone, d’autres études émanant de la Commission d’enquête sur les attentats du World Trade Center sont arrivées à la même conclusion. D’autre part, l’argument massue de l’administration Bush; pour légitimer son attaque de l’Irak, de l’existence d’armes de destruction massive détenues par l’Irak, s’est, lui aussi, révélé tout aussi vain alors qu’aucune ADM n’a été, jusqu’à ce jour, trouvée en Irak.
Le monde entier sait maintenant sur quel argumentaire fallacieux un pays a été détruit. L’opération «Liberté pour l’Irak» se voulait être libératrice et ouvrir la voie à la démocratie dans ce pays. Cinq ans après c’est le contraire qui est vrai alors que ce pays a été exclu de la civilisation, que la violence est omniprésente depuis ce fatidique jour du 20 mars 2003. Est-ce cela l’oeuvre civilisatrice de l’Amérique?
Karim MOHSEN