Comme à la parade !
Hier, Ahmadinejad, le président iranien, achevait en Irak une visite de deux jours qui laissait l’impression que Téhéran gommait politiquement les efforts de guerre consentis par Bush et consorts au nom des ADM, une fable plus égarée que Ben Laden en Afghanistan. Pendant deux jours, Ahmadinejad parada dans ce même pays qu’on montait contre l’Iran durant les années 1980 dans le but d’étouffer dans l’œuf la révolution islamiste. Ahmadinejad doit d’ailleurs se rappeler comment les Américains avaient lamentablement lâché les Pahlévi au point où aucun pays ne voulait plus accueillir le shah en fuite.
Qui se serait aventuré il y a quelques années à prédire qu’un président iranien mis à l’index par Tel Aviv et l’Occident pourrait se rendre triomphalement à Bagdad alors qu’Américains et Anglais s’entourent de toutes les précautions pour s’introduire en Irak ? L’un se rend sur les lieux comme lorsqu’on va en visite chez les siens, chez sa famille, les autres s’y rendent en cachette, à la façon des voleurs.
Des attitudes qui confirment, si besoin était, que Téhéran est devenu incontournable sur l’échiquier régional et qu’il fallait désormais composer avec. «La main qu’on ne peut mordre, il faut l’embrasser», dit l’adage. Téhéran force au respect, ses amis d’abord et surtout ses ennemis. Téhéran se rapproche des premiers et défie les seconds. Une attitude qui rejoint notre culture d’Algériens, de musulmans et donc en laquelle on se reconnaît parfaitement. L’Iran est «la première puissance du monde.
Son nom résonne comme un coup de poing dans les dents des puissants et les remet à leur place», affirmait le président iranien, fin février, face aux pressions occidentales. Allez-vous en de cette région, les peuples ne vous aiment pas, disait Ahmadinejad lorsqu’il apostrophait les Américains. Des propos qui n’étaient pas très loin du fameux «Yankees go home» sauf que, cette fois, il est exprimé à partir de cette même capitale censée accueillir la soldatesque américaine avec des fleurs et qui, à défaut, dévoila au monde les scandales d’Abou Ghrib, les héroïsmes et les horreurs de l’éternelle Felloudja et le dépeçage du reste du pays à la faveur de l’occupation.
La visite iranienne, si elle ouvre un nouveau chapitre dans les relations irako-iraniennes et scelle officiellement les retrouvailles de deux pays réputés être les places fortes du chiisme dans le monde musulman, pourrait contribuer à rompre l’isolement de l’Irak. Elle pourrait encourager d’autres chefs d’Etat à se rendre à leur tour à Bagdad puisque le précédent d’Ahmadinejad laisse supposer moins de «protectorat» américain sur l’actuel pouvoir irakien.
Le fait que Téhéran envisage des projets économiques et pense à ouvrir une ligne de crédit de un milliard de dollars en faveur de son voisin devrait rassurer les autres Etats et les inciter à relancer leur coopération avec l’Irak. Ainsi, Téhéran aide à remonter la pente et à échapper à l’emprise américaine, un pays qui lui a livré une guerre de huit ans mais prédit la disparition de l’Etat sioniste. Nombreux sont ceux qui dans notre monde arabo-musulman rejoignent là aussi Ahmadinejad, une personnalité après tout représentative !
Mohamed Zaâf