Un casse-tête nommé RCD !

Alors que la plupart des partis politiques se taisent sur la manière dont la télévision nationale a pris en charge, depuis plusieurs semaines, la campagne médiatique pour la révision de la constitution qui doit faciliter à l’actuel locataire d’El-Mouradia l’accès à un troisième mandat présidentiel, et peut-être plus,le RCD est monté brutalement au créneau pour dénoncer publiquement la “propagande de l’ENTV au profit de Bouteflika”, interpellant ainsi fermement le ministre de la communication pour faire cesser “ce détournement du service public”.

Le parti de Saïd Sadi juge “cette campagne condamnable moralement, politiquement inadmissible et illégale au regard de la loi”. Une propagande qui à ses yeux “discrédite davantage la télévision nationale et pollue un climat politique déjà trouble”. Il s’élève par conséquent contre “les abus médiatiques de l’Unique qui ne fait que relayer la complicité du conseil constitutionnel, l’asservissement de Parlement et les manipulations de l’Administration”.

En quelques lignes ciblant l’essentiel, le RCD a mis le doigt sur les atteintes à la notion du service public dont se rend coupable notre petit écran qui s’est crû en droit de se mettre, avant l’heure, exclusivement à la disposition d’un candidat alors que ce dernier n’a encore rien laissé filtrer sur ses intentions.

Bien sûr qu’il ne faut pas faire preuve de naïveté en pensant un seul instant que les services de la Présidence restent en dehors de ce travail de promotion pour entretenir l’image du Président, ou que Bouteflika n’a personnellement rien demandé à la télé qui puisse le placer en situation de postulant super privilégié alors qu’on est encore très loin de l’ouverture officielle de la campagne présidentielle, encore moins ce forcing médiatique qui pourrait à la longue le desservir sur le plan de la popularité, mais les accointances entre l’Unique et les sphères du Pouvoir étant ce qu’elles sont, il va sans dire que c’est sûrement l’évidence d’un “flagrant délit” en matière de communication qui était trop criarde pour ne pas être exploitée par le RCD et lui offrir l’opportunité de tirer à boulets rouges sur l’ENTV.

La question est de savoir pourquoi cette réaction maintenant du parti de Saïd Sadi qui est somme toute fondée et très juste, alors que tout le monde sait que la soumission de l’Unique fait partie depuis longtemps du paysage politique national. La télé a toujours eu ce comportement unilatéral pour défier le multipartisme pourtant inscrit dans la constitution, et c’est la raison pour laquelle son soutien inconditionnel à la candidature de Bouteflika ne peut ni constituer une nouveauté ni donner lieu à une quelconque surprise.

Si les institutions parlementaires, les partis de la coalition gouvernementale (FLN, RND et MSP), l’UGTA et toute la foultitude d’associations satellites se sont engagées à porter l’étendard de Bouteflika vers un troisième mandat,en vertu de quelle logique à contre courant la télévision nationale s’amuserait-elle à rester en retrait. Le RCD n’a certes pas découvert la lune en fustigeant la propension propagandiste de l’Unique, mais si dénoncer les abus de la télé relèvent de ses prérogatives en tant que parti d’opposition, la dernière ligne de son communiqué nous renseigne certainement mieux sur son positionnement.

En effet, pour lui “une surveillance internationale crédible et qualifiée pour tous les scrutins à venir reste impérative”, ce qui suppose qu’il a bel et bien l’intention de ne pas laisser Bouteflika affronter sans concurrent l’épreuve des urnes. Ainsi donc, Saïd Sadi sans se prononcer clairement sur une candidature qui se précisera le moment voulu, compte jeter un grain de sable dans la redoutable machine officielle qui semble vouloir tout écraser sur son passage,histoire de redonner à la vie politique un petit souffle d’espoir dont a tant besoin la construction démocratique dans notre pays par les temps qui courent.

Trop volontariste, trop risquée à la limite suicidaire la démarche du docteur Sadi ? Peut-être pas aussi prononcée qu’on peut l’imaginer dans la mesure où ce dernier, en exigeant le déverrouillage du petit écran pour le mettre au service des candidats potentiels à la Présidence de la République dont les élections auront lieu en 2009, aspire à une tribune politique qui permettra à son parti de sortir de plus en plus de son isolement.

Si Le RCD annonce son intention de briguer lui aussi le prochain mandat présidentiel avec les chances de succès dont il connaît les limites, il aura, au regard de la constitution, tous les droits pour disposer de passages à la télévision. Les responsables de l’Unique en tout état de cause devront fouiller dans les tiroirs à subterfuges pour lui barrer la route, mais auront-ils intérêt à le faire sachant que ,dans ce cas, la flagrance de leur parti-pris sera encore plus scandaleuse.

Un vrai casse-tête donc ce RCD qui cherche à travers son assaut contre cette citadelle imprenable à montrer à l’opinion publique que les forces démocratiques n’ont pas baissé les bras pour refonder le système. A commencer par l’ouverture du champ audiovisuel que la société revendique chaque jour un peu plus mais qui n’est pas encore dans le carnet de route du gouvernement Belkhadem selon le ministre de la communication qui annonce simplement que les stations régionales de la télévision nationale seront promues au statut de “chaînes autonomes dans la gestion pour ouvrir la liberté d’initiative et permettre une production qualitative”. Avec un tel statut, nos écrans pourront-ils faire de l’info propre ? Ouvrir par exemple l’accès aux partis d’opposition démocratique ? Ah ! question sensible qui mérite d’être étudiée…

A. Merad

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