Le Kosovo et non pas son aînée !

David Welch, le secrétaire d’Etat adjoint américain chargé du Proche-Orient, disait à partir du royaume chérifien des choses agréables pour l’ouïe marocaine mais inaccessibles, voire énigmatiques pour le reste des oreilles maghrébines. Le diplomate vantait la proposition marocaine trouvant qu’elle «offre une nouvelle possibilité», qu’elle «a été à l’origine des rounds de négociations» et «qu’il s’agit là d’une approche très productive». Après l’offre marocaine d’une autonomie au Sahara occidental les négociations entre Marocains et Sahraouis prenaient leur départ en octobre 2007.

On y incluait une contre-proposition sahraouie qui donnait au peuple sahraoui à choisir entre l’autonomie, le rattachement au Maroc ou l’indépendance. Depuis, trois rounds de négociations ont eu lieu alors que le quatrième est fixé pour mars prochain, toujours sous l’égide de l’ONU, à Manhasset, près de New York. Les négociations font du surplace et rien d’autre ! Les délégations se rencontrent mais les informations disent que les pourparlers ont moins de succès que le thé et que chacun campe sur ses positions.

Un surplace qui fait perdre la boussole à M. Peter Van Walsum, le représentant personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, et dont les propos de M. Welch ont dû faire sourire. Car le 9 février, à l’occasion de sa tournée dans la région, lui n’affichait pas du tout l’optimisme du diplomate américain. A l’issue de sa rencontre avec le président sahraoui Mohamed Abdelaziz, M. Walsum laissait plutôt percer son pessimisme. «Les positions des parties sont encore très éloignées», disait-il, avouant qu’«il n’a pas de nouveau plan pour sortir de l’impasse».

Des propos déjà proférés presque mot à mot par M. Ban Ki Moon après sa confrontation avec l’intransigeance marocaine. Une musique que connaissent bien les Sahraouis depuis James Baker et même bien avant, eux qui fêtent aujourd’hui le 32e anniversaire de la proclamation, à partir de leur exil, de la RASD (République arabe sahraouie démocratique). Une commémoration qui permit au président Bouteflika de souhaiter dans un message à son homologue sahraoui que la quatrième rencontre maroco-sahraouie aboutisse «à une solution politique fondée sur l’autodétermination» du peuple sahraoui.

Un souhait tout à fait conforme aux résolutions 1754 et 1783 du Conseil de sécurité qui, toutes deux, invitaient les deux parties à «parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Les Marocains trouvent que la solution référendaire est «obsolète». Mais ils disent, et les Américains et les Français acquiescent, que l’autodétermination et l’autonomie c’est du kif-kif et que l’Algérie se doit de négocier avec Rabat… l’abdication sahraouie.

Ce qu’on ne saisit pas dans l’affaire, c’est de savoir comment se peut-il que Bush et Sarkozy s’empressent à reconnaître le Kosovo alors qu’il est à l’état de fœtus mais refusent la reconnaissance à un Etat de 32 ans d’âge, qui, de plus, se trouve être l’un des fondateurs d’une organisation continentale, l’Union africaine, et a été reconnu jusque-là par des dizaines d’Etats.

Contrairement à David Welch aujourd’hui, le président Bush donnait libre cours à son impatience lorsqu’il se disait, en juin 2006 dans les Balkans, opposé «à un dialogue sans fin» sur le statut du Kosovo. Plus récemment, après la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo, Kouchner souhaitait «bonne chance» au nouvel Etat. Craindre pour la déstabilisation imaginaire d’un royaume et applaudir un événement qui n’est pas sans risque pour la stabilité du monde n’est-ce pas assurer en quelque sorte la stabilité à la mondialisation ?

Mohamed Zaâf

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