LE SYSTÈME, LE CRABE À GROSSES PINCES ET LES CHARMEURS DE SERPENTS !

Invité en Tunisie, Abdekka a déclaré : «Je ferai ce voyage avec d’autant plus de plaisir que je partage avec le frère Ben Ali une vision identique de la gouvernance.»

Je n’en doute pas un instant !

Jeudi soir. Le téléphone sonne. Une vieille connaissance : «Tu te rends compte ? Même Ouyahia vient d’emboîter le pas à Belkhadem et apporte à son tour son soutien et celui du RND au 3e mandat de Boutef’.» Je suis toujours ahuri devant certains ahurissements. J’aurais voulu dire beaucoup de choses à mon interlocutrice.

Mais j’ai une sainte horreur des combinés téléphoniques. Une vieille habitude. J’aurais voulu lui dire que le mot SYSTÈME s’écrit avec deux S jusqu’au jour où ils décideront qu’il doive s’écrire avec 3 S et nous finirons par l’écrire avec 3 S. J’aurais voulu lui dire, à ma déconfite correspondante, que les énormes blocs de granit n’ont que rarement peur de l’eau et de l’érosion, car même Dieu n’a pas pensé faire pousser des blocs de granit devant les cours d’eau tumultueux.

J’aurais voulu lui dire que dans un panier de crabes, il faut toujours se méfier du crabe à grosses pinces qui veut se faire passer pour une crevette royale. J’aurais voulu lui dire à ma déçue de l’alternance que l’usine à leurres est la seule industrie du pays qui ne mettra jamais la clé sous le paillasson.

J’aurais voulu lui dire que les enfants du système, ceux de sa principale pouponnière ont peut-être des défauts, mais sûrement pas celui de l’indiscipline. J’aurais voulu lui dire à ma désenchantée d’une révolution imminente que nos morts, les martyrs de la démocratie, n’ont d’importance et d’utilité aux yeux du système qu’en ce qu’ils nourrissent la couche fossile du sous-sol, augmentant ses potentialités pétrolifères.

J’aurais voulu lui dire à ma rêveuse des lendemains rajeunis que dans les spectacles de charmeurs de serpents à lunettes, c’est du mec à flûtes dont il faut se méfier, pas du serpent. J’aurais voulu lui dire tout cela et beaucoup d’autres choses encore à mon interlocutrice. Mais je me suis tu, car j’ai une sainte horreur des combinés téléphoniques. Une vieille habitude. Sûrement. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Hakim Laâlam

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