Solidarités

La tension récurrente sur les prix des produits de première nécessité conduit le gouvernement à maintenir une politique de soutien à la consommation rendue nécessaire par une érosion du pouvoir d’achat des catégories les plus démunies. Les prix sont ainsi plafonnés pour un certain nombre de denrées aussi stratégiques que sont par exemple le pain ou le lait. C’est un minimum étant entendu que les fruits et légumes relèvent pour leur part de la libre fluctuation du marché.

La récente crise du lait avait révélé qu’il s’agissait – au-delà de la dimension sociale évidente du problème – d’une auto-suffisance alimentaire encore difficile à assurer. L’Algérie importe encore une bonne part de ce que consomme la population et reste dans une large mesure du cours des marchés internationaux fournisseurs de ces produits stratégiques. L’Etat ne peut évidemment pas se départir de son rôle protecteur sans que cela occulte pour autant la mise en œuvre de réformes indispensables dans les filières de l’agroalimentaire.

De telles réformes exigent du temps et des investissements colossaux en termes de financement et de formation de compétences nationales dans ce secteur. En l’état actuel des choses, il est clair que le recours au soutien des prix n’a d’autre sens politique que celui de prévenir le risque de tensions sociales. A ce niveau, la question du pouvoir d’achat devient centrale dans la société algérienne comme en témoignent les revendications salariales dans la Fonction publique.

Cela suffira-t-il pour réaliser l’équilibre entre la cherté de la vie et des revenus toujours aléatoires ? Que dire alors des couches les plus réellement défavorisées, de ces Algériens sans ressources qui n’ont pas de problèmes de fin de mois mais de survie. C’est incontestablement pour eux que se justifient les mesures de solidarité non seulement – ce qui est légitime - de la part de l’Etat, mais aussi des autres citoyens qui disposent d’un salaire.

Car les surcoûts ne touchent pas seulement les produits alimentaires mais aussi les dépenses de santé et de soins dont il est facile de percevoir toute l’étendue au regard des prix publics de la plupart des médicaments. L’entrée dans l’économie de marché n’a de ce fait pas gommé les disparités économiques dans la mesure ou subsistent encore des citoyens qui restent sur le bas-côté de la route. Cela relativise fortement la situation des uns et des autres.

Il n’en reste pas moins que c’est la responsabilité de l’Etat que de faire face à ces situations dans une démarche d’équité et de justice sociale qui participent d’abord d’une répartition du revenu national en direction des catégories les plus défavorisées. Les défis de la mondialisation n’excluent pas, a fortiori dans une société articulée autour d’anciennes traditions de solidarité, une économie – voire un capitalisme – à visage humain.

Amine Lotfi

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