La guerre des riches contre…

Les vœux servent aussi à conjurer le sort. Alors conjurons-le : bonne santé et quelques espérances de bonheur pour vous. Pour le reste, le pays, en surface, ne changera pas alors que dans les profondeurs de la société quelques vagues de fond travaillent, souterraines et têtues, à surmonter le sort, ce sort justement que Temmar a scellé en nous rappelant doctement, tout à fait à la fin de décembre 2007, que «nous étions mondialisés».

Il ne nous reste plus qu’à nous y faire et attendre de ce «monde» indéfini, de cette mondialisation sans identité ni territoires d’origine qu’ils nous dictent nos pensées et nos actes, la seule façon d’être, pour nous, salvatrice. Existe-t-il une idée plus fermée de la fatalité et du mektoub ? Assurément non ! Sauf que cette mondialisation qu’il «découvre» n’a rien de neuf. Les hommes connaissaient les routes commerciales des épices, de la soie, de l’or, du sel depuis la nuit des temps et depuis la nuit des temps l’activité de l’homme se déploie sur des territoires immenses.

Et pour les peuples qui vivaient enclavés dans leurs îles ou dans les contrées isolées de l’Afrique ou des Amériques, les guerres de conquête, le génocide des peuples indiens, les comptoirs, l’esclavage des Noirs, la colonisation ont vite fait de les intégrer dans le «monde » en train de naître : le monde colonial cruel et crapuleux fait de l’esclavage des hommes et du pillage des richesses et des ressources, car il est bien utile de rappeler à Temmar et aux prêtres du libéralisme que le capitalisme a été aussi et surtout crapuleux et qu’il le reste.

Nous avons été mondialisés il y a bien longtemps, avec El Mokrani exilé en Nouvelle Calédonie, nos bagnards envoyés à Cayenne et nos pères et grands-pères tués sur tous les fronts d’Alsace et d’Italie ou encore d’Indochine sans parler de nos émigrés «choisis» pour leur robustesse que le travail dans les mines, les travaux publics, le bâtiment et la sidérurgie ont vite fait de vider de leur santé et de leur force. C’est cela la mondialisation : la guerre des puissants contre les faibles, la guerre des riches contre les pauvres pour les asservir plus, pour les exploiter plus, pour prendre plus de leur chair et de leur sang.

Nous avons été mondialisés il y a bien longtemps, et que les idéologues de l’Europe coloniale appellent cela l’ère de la modernité ne change pas un iota à la réalité coloniale sauf pour les indigènes transformés en défenseurs attardés et à contre-courant de leurs maîtres passés. Bien sûr, les formes de la domination ont changé et qu’une décision économique américaine ou européenne peut ruiner à distance des centaines de millions de paysans, de travailleurs, d’entrepreneurs à travers le monde.

Les grandes puissances et les multinationales n’ont plus besoin de payer systématiquement le prix du sang pour nous occuper et leur hégémonie est telle que des gouvernements indigènes sont devenus leurs relais et leurs sous-traitants de cette guerre planétaire des riches contre les pauvres. Il faut bien le dire. En nous racontant cette fable de la fatalité «nouvelle», Temmar n’est pas dans la pensée, il est dans la fonction de relais. Bonne année, quand même…

MOHAMED BOUHAMIDI

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It