Papa gâteau

Le ministère des Tranpsorts s’est montré d’une grande fermeté à l’égard des retardataires qui n’ont pas encore fait contrôler leur véhicule avant le 1er janvier. Malgré les milliers de gens qui passent la nuit en plein hiver aux portes des agences de contrôle technique.

Des Algériens mal transportés, des mères de famille également qui frisent la crise de nerfs à la recherche d’une agence disponible, les longues queues de plusieurs centaines de voitures sans espoir aucun de décrocher la précieuse attestation avant le 1er janvier. Pour un poste de contrôle, il faut 9 à 10 mn pour contrôler un véhicule, soit soixante-douze véhicules par journée en horaire continu 12 heures par jour.

En appliquant les moyennes nationales de l’âge des véhicules, il reste à la wilaya d’Alger au moins 700 000 véhicules de plus de cinq ans d’âge, au contrôle donc obligatoire. S’il en reste au minimum 50 000 à contrôler seulement, on prévoit de bien “joyeuses bousculades” aux portes des agences. Déplorable. Délai de rigueur, sans les prorogations avec en accompagnement de l’acidité envers les Algériens qui “attendent toujours” la dernière minute”. Une opération typique de l’administration algérienne.

Sans dire que c’est du pousse à l’émeute. Mais voilà, on connaît malheureusement ça depuis fort longtemps sans aller également jusqu’à dire que c’est dans les intentions de l’administration des transports. Le contrôle technique de véhicules a été théoriquement institué pour la sécurité des gens, pas pour les persécuter.

Aussi, il est certain, et l’administration en est ainsi avertie, que l’affaire va ouvrir d’autres créneaux au marché de la corruption. Pas la grande, mais la petite. Des débrouillards à l’affût vont bénir le ministère en question : des milliers, sinon des dizaines de milliers d’automobilistes auront ainsi l’échine assez assouplie pour être prêts à payer, entre autres, un rendez-vous avec l’agence de contrôle, ou pour éviter le retrait de permis ou la mise en fourrière de leur véhicule pour de longs mois.

C’est une excellente leçon de gouvernance à la traditionnelle, l’Algérie de papa, et un non moins excellent exemple de mauvaise administration. Les longues chaînes font des citoyens dociles. Cependant, puisqu’on parle autant de rigueur, ni le contrôle technique des véhicules, ni le port de ceinture obligatoire n’ont changé la mortalité sur les routes comme promis-juré par le ministère des Transports, ni même la énième mouture du code la route. Il faudra infiniment plus d’imagination, de travail, de réflexion et d’enquêtes sur le terrain.

Toujours pour la rigueur à vitesse variable, le public est mal traité, et mal abrité, sous le vent, le soleil et la pluie dans les aires réservées aux arrivées dans les aéroports. Et le transport urbain, depuis plus de dix ans privatisé, est assuré par des véhicules réformables pour la plupart, convenant au mieux aux bestiaux, et contrôlés avec une tchipa de rigueur. A l’œil nu et non expert, l’état de ces véhicules de transport public urbain ne souffre d’aucune contestation possible.

Au moins pour le confort. Enfin, il n’y a pas que le contrôle technique, mais les automobilistes attendent toujours le plan de circulation d’Alger annoncé depuis deux ans à peu près, et la capitale fait figure de bourgade en l’absence d’un système de signalisation tricolore, absent ou très réduit depuis plus de 20 ans, et annoncé également depuis une année. Et là, on voit bien que l’administration se permet des délais extensibles avec les devis révisés de rigueur.

Du fait qu’il implique des millions d’usagers quotidiennement, le secteur des transports requiert une autre pédagogie, de facilitation et de très large information du public. Et d’abord le confort de ce dernier. Une préoccupation absente des tablettes de l’administration concernée, sans pour autant être sûr que les grands projets qui l’absorbent tant (métro, et trams) viendront y changer beaucoup de choses. Les promesses, les gestes larges de la main, et les envolées lyriques, on connaît aussi.

Mokhtar Heider

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